Le soutien des prix des farines de panification par l'Etat pour le maintien des prix du pain ordinaire à un niveau bas n'a pas permis de contrebalancer la tendance haussière du coût de production. Le président de la Fédération nationale des boulangers l'avait révélé récemment. Plus de 2 000 boulangers ont baissé rideau durant le premier semestre 2017. Selon d'autres sources, en cinq ans, plus de 3 000 boulangeries ont fermé boutique, notamment à l'intérieur du pays. Rien qu'à Alger, "le nombre de boulangeries a baissé sensiblement au cours des quatre dernières années, passant de 1 400 à 630 boulangeries situées principalement dans les communes d'El- Harrach, de Barraki, de Zéralda, de Gué-deConstantine et d'autres communes à l'est et à l'ouest de la capitale", a indiqué le président de la Fédération nationale des boulangers, Youcef Kalafa, cité par l'APS. À l'origine de ce marasme, il y a le blocage du prix de vente de la baguette de pain et la marge bénéficiaire du boulanger qui se réduit, d'année en année, comme une peau de chagrin, au gré des hausses des prix des matières premières entrant dans la fabrication du pain. Toutes les mesures prises, jusque-là, par les pouvoirs publics, pour soutenir cette profession, empêtrée ces dernières années dans le pétrin, n'ont pas réglé la situation. En dépit du soutien de l'Etat aux prix des farines de panification, la fixation des prix du pain ordinaire à un niveau bas n'a pas permis de contrebalancer la tendance à la hausse de certains postes de la structure du coût de production du pain. Le décret exécutif du 13 avril 1996, portant fixation des prix aux différents stades de la distribution des farines et des pains, a fixé les prix de vente au consommateur de la baguette de pain dit "amélioré" de 250 grammes à 8,50 DA. À l'époque, nous dit-on, la farine était cédée à 1 500 DA le quintal, la levure à 80 DA le kg, l'améliorant coûtait 80 DA le kg et le sel 2 DA. Les boulangers payaient l'électricité à raison de 2,50 DA le kilowatt. Mais depuis, beaucoup d'ingrédients entrant dans la composition du prix de revient d'une baguette de pain ont évolué à la hausse. La main-d'œuvre, la levure, les améliorants, l'électricité, les charges fiscales et sociales ont augmenté. Les prix de certains intrants ont été multipliés par trois. Le calcul est vite fait : les boulangers perdent de l'argent. C'est une des raisons du "désintéressement" des jeunes pour ce métier, selon le président de la Fédération nationale des boulangers. Ce dernier a expliqué ce recul, également, par "la hausse" du prix des matières premières et les cotisations de la Sécurité sociale qui "pèsent sur les boulangers", outre la "baisse" de la marge bénéficiaire des boulangers par rapport à ce que gagnent les propriétaires des superettes qui vendent du pain. Pour s'en sortir, les boulangers réduisent le poids de la baguette et ils la vendent à 10 DA. Même à ce prix, ils n'arrivent pas à s'en sortir. Du coup, chaque année, les boulangers reviennent à la charge, et revendiquent l'augmentation du prix de la baguette du pain. Une revendication souvent rejetée par les pouvoirs publics. Le 4 novembre dernier, le Club des artisans boulangers, affilié à l'Association nationale des commerçants algériens (Anca), a appelé, lors d'une conférence de presse à Alger, à la création d'une commission comprenant les représentants des boulangers, de minoteries, des ministère des Finances et du Commerce pour examiner la question de la hausse des prix du pain. Tahar Boulenouar, président de l'Anca, avait annoncé que les boulangers comptaient porter le prix à 15 DA. C'est chose faite, car des boulangers sont passés hier à l'acte, en augmentant le prix de 50%. Meziane Rabhi