Environ une soixantaine de partis se disputeront les 1 541 assemblées communales et les 48 assemblées de wilaya. S'il est su que les élections locales attirent davantage de participants, partis politiques et candidats indépendants compris, et même plus d'électeurs que les législatives, celles du 23 novembre prochain semblent emballer presque l'ensemble de la classe politique. En effet, quasiment l'ensemble des formations politiques dont certaines n'ayant jamais pris part à pareille échéance électorale depuis sa création, à l'instar de Talaïe El-Houriat (Avant-gardes des libertés) d'Ali Benflis, ont déjà pris la décision d'y aller. Excepté le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, dont la décision, probablement positive pour avoir déjà participé aux locales de 2012, sera prise lors de la réunion de son bureau politique programmé pour le 16 septembre, environ une soixantaine de partis se disputeront les 1 541 assemblées communales et les 48 assemblées de wilaya. Pourquoi ces échéances attirent-elles autant de participants, notamment les partis ayant boycotté les dernières législatives ? Pour Ahmed Adimi, porte-parole de Talaïe El-Houriat, dont la première participation a été votée par la majorité des membres du comité central (139 voix pour 109 contre, soit 56% de oui), ces élections n'intéressent pas outre mesure son parti. "Pour nous, ces élections ne représentent absolument rien. Nous savons que, comme les précédentes, ce seront des élections bidon. Nous savons aussi que la fraude sera présente et que le scrutin sera contrôlé. Mais comme nous sommes un parti politique prônant la démocratie, nous ne pouvons que respecter le choix des militants", nous a-t-il expliqué hier au téléphone. Cela, non sans faire part des intentions de son parti de profiter de la campagne électorale pour faire étalage de son programme politique, mais aussi et surtout pour dénoncer les pratiques du pouvoir en place. "Au vu du contexte politique actuel, nous n'attendons rien de ces élections. Notre seul intérêt est d'être présent dans la campagne électorale pour dénoncer et mettre en garde contre les pratiques du pouvoir dont les menaces et autres intimidations que nos militants subissent depuis longtemps. Mais ce sera aussi une occasion pour nos jeunes militants de s'exprimer et de s'entraîner à la pratique politique", a ajouté M. Adimi qui ne voudrait pas pour autant appeler les Algériens à voter lors du scrutin du 23 novembre prochain. "Nous n'allons pas appeler les Algériens à voter à l'occasion de cette campagne. À la limite, nous dirons seulement à ceux qui ont l'intention de le faire, de voter pour notre parti", a-t-il concédé, un brin ironique. Si Talaïe El-Houriat est implanté dans quelque 1 200 communes à travers 47 wilayas, sa première participation aux élections passe par la collecte de 50 signatures de citoyens ou 10 élus pour chaque candidat. Une "corvée" supplémentaire imposée par la loi électorale de 2012 qui exige, en effet, que pour être présent dans une circonscription (donc commune ou wilaya), il faut justifier d'un suffrage égal ou dépassant 4% lors du précédent scrutin. Les autres participants, ou potentiels participants, ne sont pas moins dubitatifs par rapport à la transparence du scrutin du 23 novembre prochain. C'est le cas, entre autres, de Soufiane Djilali pour qui la fraude est "une vérité qui ne va pas changer" à l'occasion de ce scrutin. Ce qui pourrait éventuellement influer sur la décision, attendue pour le 16 septembre, de participer ou pas à ces élections. "À analyser le contexte politique actuel, il me semble qu'il est très difficile d'y aller", a-t-il indiqué même s'il préfère, toutefois, laisser le soin aux membres de la direction de trancher cette question après débat et concertation. De son côté, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT dont la participation est une tradition, même si, formellement, elle n'a pas encore tranché, appréhende, d'ores et déjà, un fort taux d'abstention. "Même si on a l'habitude de voir le taux de participation (souvent) plus important lors des élections locales comparativement aux législatives, au vu du contact des citoyens avec les candidats contrairement aux députés, la défiance à l'égard du scrutin pourrait être record cette fois-ci, c'est-à-dire pire que lors des dernières législatives (...)", a-t-elle déclaré lors de son discours prononcé samedi dernier en marge de la réunion du bureau politique du PT, faisant allusion à la dégradation de la situation économique et au flou politique dans lequel est plongé le pays. Hormis les partis du pouvoir, les mêmes appréhensions sont partagées par la majorité des partis de l'opposition quant à la fraude pour l'avoir déjà vérifié à leurs dépens par le passé. Cela ne les empêche pas, toutefois, d'y aller... Farid Abdeladim