Le principe de débrayage fait l'unanimité au sein des syndicats affiliés au CNLS. Il sera débattu lors du regroupement prévu dimanche à Alger. Conscientes de la menace qui pèse de plus en plus sur les libertés syndicales, les organisations autonomes comptent se mobiliser pour faire barrage aux tentatives de remise en cause d'un droit constitutionnel. Et c'est justement ce que projettent de faire les syndicats réunis dans le cadre du Comité national pour les libertés syndicales (CNLS). La symbolique journée du 1er mai sera l'occasion pour les syndicalistes de faire une démonstration de force. La mobilisation sera générale et commune. La fête des travailleurs sera, en effet, marquée par un regroupement de tous les adhérents des sept organisations affiliées au CNLS au siège de l'un des syndicats. Cette manifestation permettra aux syndicalistes de débattre et d'adopter un plan d'action à même de faire fléchir les autorités. Le recours à une grève nationale n'est pas écarté. C'est ce qu'a annoncé hier le chargé de communication du syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) lors d'un point de presse. Contacté pour plus de précisions, le premier responsable du CNLS a confirmé le fait que l'appel à une grève semble faire l'unanimité au sein des sept syndicats. “Les états généraux prévus le 1er mai prochain à Alger est l'occasion pour les syndicats réunis, dans le cadre du CNLS, d'accorder leurs violons et de débattre des meilleurs moyens à même de nous aider à défendre les libertés syndicales”, nous dit le Dr Besbès. Et de préciser que “la contestation est le plus important principe retenu, reste à débattre des formules”. Et l'appel à une grève nationale en est une. “C'est une décision qui sera tranchée lors du regroupement”, explique le Dr Besbès. Le débrayage n'est donc pas écarté, et si la proposition est adoptée le 1er mai prochain, plusieurs secteurs seront paralysés, notamment l'éducation, la santé, l'administration publique, le port… Un véritable casse-tête pour les autorités qui, certainement, useront de tous les moyens pour briser le mouvement. Les syndicalistes en sont conscients et semblent prêts à toute éventualité. “Nous activons dans le cadre d'un mouvement syndical autonome protégé par la Constitution”, explique le chargé de communication du Snapap. Pour revenir aux états généraux prévus le 1er mai, trois thèmes seront débattus par les syndicats composant le CNLS, nous dit son premier responsable. Il s'agit de l'exercice syndical entre protection et harcèlement, de la solidarité syndicale et du droit de grève. Un droit dont il est fort probable que le comité usera pour dénoncer les entraves à l'exercice syndical et redonner à cette activité protégée par la loi fondamentale du pays tout son poids et toute sa valeur. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, que le Snapap a, lors de son dernier congrès ordinaire, revendiqué l'amendement de la loi 90/14 portant exercice syndical. “L'objectif est d'y introduire des dispositions pouvant permettre aux syndicalistes d'activer sans avoir peur des représailles de l'administration et des autorités comme c'est le cas actuellement”, indique le chargé de communication lors du point de presse. Le syndicat présidé par M. Malaoui revendique également la revalorisation du Smig à 20 000 DA, la reconnaissance des syndicats autonomes en tant que partenaire social dans les négociations dans le cadre de la tripartite, la mise en place de nouveaux outils juridiques pour faciliter aux travailleurs l'octroi de crédits bancaires. Evoquant la “dissidence” d'un groupe d'adhérents, à leur tête le député Felfoul, l'orateur dira : “Le Snapap fait face à des problèmes internes alimentés par les autorités, à leur tête le ministère du travail pour casser l'organisation.” Et d'ajouter en parlant de représentativité : “Nous n'avons plus à prouver notre représentativité. Nous l'avons vérifiée et prouvée sur le terrain. Quant aux dernières déclarations officielles sur les syndicats, elles sont logiques car l'UGTA est un partenaire politique et non social pour les autorités.” Interrogé, enfin, sur l'absence de la presse au dernier congrès ordinaire du Snapap, le conférencier dira : “Nous avons émis des réserves qui vous seront communiquées en temps opportun.” M. B.