Le Conseil de la nation a adopté, hier à la grande majorité avec 128 voix pour et 4 contre, le projet de loi de finances 2018. Dans ses réponses aux préoccupations soulevées par les membres du Conseil de la nation, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a tenté d'expliquer le décalage entre les prévisions de croissance du projet de loi de finances 2018 et les projections des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI). Dans le projet de loi de finances le gouvernement table sur un taux de croissance de 4% en 2018, alors que le FMI prévoit 0,8%. Les prévisions du FMI, a indiqué M. Raouya, "résultent des estimations baissières des dépenses d'équipement évaluées par ces institutions, qui ont été révisées" après la prise en compte de la hausse enregistrée des dépenses d'équipement de 60% dans le budget 2018 par rapport à l'année 2017. Par contre les projections du gouvernement algérien tiennent compte des évolutions des valeurs ajoutées des secteurs des hydrocarbures, des travaux publics et des services marchands. "Le poids de ces secteurs dans la formation du produit intérieur brut est très important", a souligné le grand argentier du pays, précisant que "l'activité du secteur des hydrocarbures connaîtrait en 2018 une augmentation sensible par rapport aux dernières années". M. Raouya a assuré, encore une fois, que le projet de loi de finances 2018 et les prévisions 2019 et 2020, "ne prévoient pas d'augmentations d'impôts ou de taxes qui pourraient impacter négativement le pouvoir d'achat des ménages". Justifiant la hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP), le ministre des Finances a laissé entendre que compte tenu de ces bas prix, la consommation des carburants ne cesse d'augmenter, induisant une surconsommation énergétique. Selon lui la consommation globale des carburants avoisine les 14 millions de tonnes (4,3 millions de tonnes d'essence et 9,7 millions de tonnes de gasoil). 3,2 millions de tonnes, soit 23%, sont importés. M. Raouya a relevé que comparativement aux prix appliqués à l'international, l'Algérie est classée parmi les pays pétroliers qui appliquent les tarifs des carburants les plus bas, nonobstant les réajustements de produits introduits en 2016 et en 2017. "L'Algérie, à l'instar des autres pays exportateurs d'hydrocarbures, est confrontée à d'importants déséquilibres extérieurs et de conséquents déficits budgétaires, d'où la nécessité de revoir les prix de l'énergie, ce qui permettrait la rationalisation des subventions budgétaires implicite et explicites", a argué M. Raouya. Le ministre a ajouté que dans l'objectif de rationalisation de la consommation énergétique, l'Algérie a introduit, à compter du 1er janvier 2016, une réforme en matière de tarification des carburants à travers le réajustement des marges et la révision des taxes en vue d'aboutir, à moyen terme, à des prix économiques. Meziane Rabhi