Les manageurs de Chelsea et Liverpool, José Mourinho et Rafael Benitez, se sont livrés à une belle partie d'échecs, en demi-finale aller de la Ligue des champions de football, mercredi à Londres, chacun étant convaincu qu'il a le mieux avancé ses pièces pour la suite, après ce nul (0-0). Oubliant la tradition anglaise d'un jeu ouvert, les 22 protagonistes ont proposé une partie extrêmement tenue, tactique, où ils ont appliqué avec maîtrise les consignes de prudence de leurs entraîneurs respectifs. Liverpool a su faire ce que seul le Paris SG avait réussi en C1, à Stamford Bridge, cette saison (0-0). Les “Reds” ne voulaient pas avoir à courir après le score au retour et s'exposer, ainsi, aux contres des “Blues”. Chelsea ne voulait pas encaisser de but à domicile, pour sa valeur démultiplicatrice. D'où la posture volontairement provocatrice de Mourinho affirmant : “En demi-finales de la Ligue des champions, c'est un très bon résultat.” Les chiffres ne donnent pas plus de 30% de chances à une équipe, ayant fait 0-0 à domicile, de passer, mais le Portugais ne s'arrête pas aux statistiques. “L'année dernière, avec Porto, c'est après un 0-0 à la maison que nous nous étions qualifiés au match retour à La Corogne (1-0)”, a rappelé celui qui avait ensuite remporté la Ligue des champions avec le club portugais. Les “Blues” imaginent que, porté par le public d'Anfield, Liverpool ne pourra résister à la tentation de se lancer à l'offensive, leur offrant ainsi les espaces dont ils n'ont pu disposer mercredi. Mais Benitez va probablement mettre en garde ses troupes contre cette stratégie à risques. Les “Reds” savent bien que, s'ils devaient prendre un but, ils auraient bien du mal à en inscrire deux à la toujours redoutable défense de Chelsea. Les Londoniens sont, eux, convaincus de pouvoir marquer sur toutes les pelouses d'Europe. Ils l'ont déjà prouvé. Simplement, Mourinho ne peut que constater que son équipe reste sur trois revers en C1 à l'extérieur (à Porto 2-1, Barcelone 2-1 et au Bayern Munich 3-2), ce qui n'est peut-être pas une simple coïncidence. En outre, Chelsea n'a remporté qu'un seul de ses cinq derniers matches, toutes compétitions confondues, samedi dernier contre Fulham (3-1). “Ca ne va pas être évident au retour, reconnaissait ainsi honnêtement le défenseur français William Gallas. On n'est pas inquiets, mais on est un peu fatigués, ça se voit. À Anfield, ce sera très dur. C'est une très bonne équipe, qui sait défendre, qui sait jouer ensemble et se procurer une ou deux occasions”. Alors que Chelsea apparaissait comme un favori indiscuté, le rapport de forces, sans s'être totalement renversé, s'est du moins rééquilibré. Mourinho et Benitez vont devoir encore longuement cogiter pour placer l'attaque qui mettra l'adversaire échec et mat.