"Les conflits armés frappent aveuglément l'ensemble des communautés et plus particulièrement les femmes et les filles du fait de leur statut social et de leur sexe", a souligné Messahel. Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme algérienne, Ghania Eddalia, ainsi que le président de la Commission paix et sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui, ont donné, hier, à l'hôtel Marriott de Constantine, le coup d'envoi aux premières assises du réseau panafricain des médiateurs femmes de l'Union africaine (FemWise-Africa). "La culture de violence, de domination et de discrimination à l'égard des femmes est présente bien avant le déclenchement d'un conflit et est systématiquement aggravée pendant celui-ci", reconnaîtra d'emblée le ministre des Affaires étrangères dans son allocution inaugurale. Aussi, appuie-t-il, "les conflits armés frappent aveuglement l'ensemble des communautés et plus particulièrement les femmes et les filles du fait de leur statut social et de leur sexe". Des femmes qui ne participent pas aux structures décisionnelles et peu susceptibles de prendre part au règlement des conflits et au processus de paix qui en découle relève de l'amère réalité, celle ayant motivé, selon le ministre, une prise de conscience collective à travers la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Et partant, la proclamation par l'Union africaine de la décennie 2010-2020, celle de la femme africaine, placée sous le thème de l'égalité du genre et de l'autonomisation des femmes, constitue une volonté ferme de l'UA "à poursuivre son action en faveur de l'émancipation de la femme et son implication dans tous les domaines". D'où, laisse entendre le ministre, la démarche qui a donné naissance à FemWise-Africa. La femme algérienne durant la décennie noire en exemple Smaïl Chergui a considéré, pour sa part que le thème de cette assemblée générale découle d'une conviction et d'un consensus au sein de l'UA considérant que "les frontières ne doivent plus constituer des zones de conflits et d'obstacles, mais plutôt des espaces d'échanges, de dialogue, de coopération et de paix". Pour lui, FemWise-Africa constitue dores et déjà une plus-value sûre aux efforts de promotion de la paix et de la sécurité en Afrique. Mme Ghania Eddalia rappellera, dans son intervention, les sacrifices, les souffrances et le rôle déterminant de la femme algérienne pendant la décennie noire. Une expérience et un exemple qui devraient inspirer FemWise-Afirca, suggère-t-elle. Placé donc sous le thème "Faire taire les armes d'ici à 2020 : femmes faisant la médiation et la promotion de la coopération transfrontalière", ce conclave, qui se poursuivra aujourd'hui, est le premier du genre organisé par le réseau panafricain de médiateurs femmes de l'Union africaine (FemWise-Africa) depuis sa création par décision de la 29e session de la conférence de l'UA en juillet 2017. Il intervient, une année exactement, après le séminaire de haut niveau dédié aux femmes africaines dans les processus de médiation, organisé à l'hôtel Marriott de Constantine. Les travaux de celui-ci avaient planché sur les volets de renforcement des capacités et des compétences institutionnelles de base et de développement et l'amélioration des stratégies de médiation et de prévention des conflits, plus efficaces sous la conduite des femmes, afin d'assurer une plus grande cohésion sociale. La rencontre de haut niveau qui a été organisée conjointement par le réseau panafricain des sages (Panwise) et l'envoyée spéciale de l'Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité a regroupé les représentantes des différents pays africains et organismes relevant de l'UA aux fins de mieux connaître et mieux comprendre le rôle et la participation des femmes à un large éventail d'activités de médiation et de prévention des conflits en Afrique, d'identifier les défis et obstacles qui entravent la participation effective des femmes, d'élaborer des stratégies pour accélérer l'action des femmes et le rôle de premier plan qu'elles jouent dans les efforts de rétablissement de la paix et de stimuler le dialogue entre les Etats membres de l'UA, les institutions intergouvernementales, régionales et les organisations de la société civile. Depuis, "une série exceptionnellement et rapide d'événements et de réalisations significatives ont été enregistrés pour soutenir l'opérationnalisation de FemWise-Africa, à savoir l'entérinement par le Conseil de paix et de sécurité le 13 mars 2017, l'approbation du Conseil de sécurité de l'ONU, le 27 mars 2017 à New York et, surtout, la création officielle de FemWise-Afrique à travers une décision de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA le 4 juillet 2017 qui constituent la plus rapide opérationnalisation d'un instrument de l'UA". Un retour donc, à Constantine, qui aura été, en quelque sorte, le point de départ et non moins berceau de FemWise-Africa pour une première assemblée générale. L'ordre du jour autant que les objectifs assignés à ces assises dénotent, en effet, du programme très ambitieux de FemWise-Africa. Il s'agit du lancement du processus d'accréditation des membres de 500 médiatrices africaines qui sera achevé d'ici à fin 2018, l'intégration des efforts de médiation et de coopération liés à la frontière dans le plan d'action de FemWise-Africa, la systématisation de l'implication de FemWise-Afrique dans les efforts actuels de médiation et de prévention de conflits, l'approbation des projets de stabilité de la paix et d'impact rapide dans les pays vulnérables... Kamel Ghimouze