La réunion ayant regroupé, hier, le Front de libération nationale (FLN), la Centrale syndicale (UGTA), le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et la Confédération algérienne du patronat (CAP) a provoqué de sérieux remous dans les rangs du parti du Premier ministre. Ce qui s'apparente, en effet, à une tripartite non déclarée, initiée par l'ex-parti unique et tenue en son siège, à Hydra, à Alger, trouve une seule signification chez les cadres et militants du Rassemblement national démocratique (RND) : un complot dirigé contre leur chef, Ahmed Ouyahia. Et l'accusation n'émane pas d'un quelconque cadre militant, mais carrément de l'ex- chef du groupe parlementaire du RND, Mohamed Guidji, actuellement député et membre du bureau national du parti. Contacté hier par Liberté, ce parlementaire proche d'Ahmed Ouyahia a clairement signifié que l'action du SG du FLN, Djamel Ould Abbes, vise à "mettre les bâtons dans les roues du Premier ministre". Car l'idée même d'une telle rencontre, alors que le chef de l'Exécutif venait de signer un partenariat public-privé (PPP) avec les parties aujourd'hui conviées chez le FLN, visiblement, pour rediscuter du projet, représente un "non-sens" aux yeux de Mohamed Guidji. Il lance d'ailleurs sur un ton ironique : "Djamel Ould Abbes peut toujours convier le partenaire social et privé pour un café, mais sur la question du partenariat public-privé, c'est le gouvernement qui en a le pouvoir de décision et les prérogatives. Et il se trouve que le gouvernement est dirigé par Ahmed Ouyahia." Il rappelle, à cet effet, que la réunion ayant abouti à la signature du partenariat public-privé "ne pouvait se tenir sans l'aval du président de la République", et que, si Djamel Ould Abbes trouve aujourd'hui à redire sur cet accord, "ce serait remettre en question le programme du président Abdelaziz Bouteflika". Mohamed Guidji considère que les clauses du PPP "ne souffrent d'aucune ambiguïté", et qu'"il s'agit d'une opération d'ouverture des capitaux des entreprises publiques et non pas d'une privatisation". Aussi que "le Premier ministre avait précisé que seules les petites et moyennes entreprises sont concernées, donc pas les entreprises stratégiques". Maintenant, poursuit notre interlocuteur, "puisque Djamel Ould Abbes se targue d'avoir la majorité dans les Assemblées élues, le FLN peut toujours faire part de ses interrogations au gouvernement". Il ne manque pas d'ailleurs de rappeler, encore une fois, que "la majorité parlementaire, notamment le FLN, a voté le plan d'action du gouvernement", et que "les accords contenus dans le PPP s'inscrivent dans la même dynamique". Cela dit, Mohamed Guidji sait pertinemment que l'enjeu se situe ailleurs. Ce pourquoi, il considère que "Djamel Ould Abbes fait du Saâdani sans Saâdani". En clair, travailler à affaiblir politiquement Ahmed Ouyahia. Pour rappel, l'ex-SG controversé du FLN, Amar Saâdani, avait clairement invité Ahmed Ouyahia à choisir entre son poste de chef de cabinet à la présidence de la République et celui de SG du RND. Mehdi Mehenni