À 62 ans, Ramdane Tatoult ne se lasse pas encore de s'adonner à son domaine de prédilection qui n'est autre que la sculpture. En fait, cet artiste hors pair ne se limite pas à sculpter les pièces de bois et les écorces d'arbres auxquelles il donne une vie et une grande beauté, mais voilà qu'il maîtrise l'art de graver sur les pierres, notamment la pierre bleue qui est abondante dans son village natal. Ramdane Tatoult est né en 1956 au village de Taksebt, dans la région maritime de Tigzirt. C'est à l'âge précoce de 12 ans à peine qu'il sculpta sa première pièce qui le propulsera jusqu'aux cimes de ce noble art. "Dès mon jeune âge, j'avais cette passion de dessiner. Alors, l'idée de sculpter m'est venue quand j'avais 12 ans. Je me souviens de ma première réussite. Quand je l'avais finie, j'étais aux anges. C'était une pipe à tabac que j'avais réussi à vendre à un touriste", se rappelle notre sculpteur. Au fil des années, il mit à profit son don providentiel pour réaliser des sculptures sublimes et exceptionnelles que seul lui peut réaliser. Doué et talentueux, Ramdane Tatoult s'investit dans le domaine de l'imaginaire afin d'exprimer ses sensations et ses rêves en se servant tout d'abord de ses mains fines et expertes, mais aussi en maniant ses outils rudimentaires avec une dextérité parfaite et adroite. "J'ai sculpté tous les objets du terroir en miniature. Je ne pouvais rester une nuit sans me lever et retracer sur une feuille de papier l'objet qui me brûlait les entrailles pour le mettre à exécution le jour suivant", poursuit-il. Cet artiste est malheureusement confronté à une société qui n'accorde pas beaucoup d'intérêt à ce genre de créations, car les pièces qu'il avait pourtant exposées à Tizi Ouzou, Alger, Sétif et Annaba ne le nourrissaient pas. "J'ai cessé cette activité à la fin des années 1990, parce que je n'en pouvais plus. Il fallait faire autre chose pour faire vivre ma famille", regrette-t-il avec amertume. Avec l'âge, Ramdane sentit un peu le vide et le besoin de reprendre son chemin, et c'est pourquoi il trouva un autre modèle pour satisfaire encore une fois son envie d'expression libre. C'est la sculpture sur pierre qui le passionne. "C'est en 2016 que j'ai commencé à graver toutes ces pièces que vous voyez. Vous avez ici les rois numides, une gravure dédiée à Slimane Azem, celle-ci est pour glorifier notre héroïne Fadhma n'Soumer, une autre pour l'amour, la puberté féminine, et d'autres thèmes sociétaux. En fait, chaque pièce exige de moi de la patience, du temps et de l'imagination. C'est plus dur que le bois, parce que façonner des pierres demande des outils spécifiques et beaucoup de délicatesse, ce qui fait que je demande souvent de l'aide au forgeron du coin", nous explique-t-il. Armé de volonté et d'amour pour cet art, il donne du sens à cette matière qu'il puise dans sa région natale. Certes, ses sculptures ne cessent d'être admirées à chaque exposition, mais les vendre reste toujours un défi à relever parce que, à vrai dire, peu de personnes savent apprécier tel qu'il se doit, dans notre pays, ce genre d'art qui, sous d'autres cieux, vaut de l'or. En dépit des obstacles en tout genre, Ramdane Tatoult continue, contre vents et marées, à mener sa barque vers ce monde mystique qu'il s'est créé en agrandissant ce trésor qu'il espère léguer comme héritage, car il représente une grande partie de sa vie. O. Ghilès