La torture pendant la Guerre d'Algérie, les massacres du 8 Mai 1945, les atrocités commises à la veille de l'Indépendance par l'OAS et la répression sanglante de la manifestation du 17 Octobre 1961 à Paris sont autant de blessures qui demeurent béantes qu'il faudrait impérativement panser pour pouvoir regarder l'avenir avec sérénité et sans passion. La refondation des relations franco-algériennes est tributaire d'un travail de mémoire qui doit inclure toutes les étapes de la présence coloniale française en territoire algérien. Et pour parvenir à la conclusion du traité d'amitié sur lequel se sont mis d'accord les deux chefs d'Etat, il est nécessaire, voire vital, aujourd'hui, de jeter un regard sur le passé. La torture pendant la Guerre d'Algérie, les massacres du 8 Mai 1945, les atrocités commises à la veille de l'Indépendance par l'OAS et la répression sanglante de la manifestation du 17 Octobre 1961 à Paris sont autant de blessures qui demeurent béantes qu'il faudrait impérativement panser pour pouvoir regarder l'avenir avec sérénité et sans passion. Et la déclaration de l'ambassadeur de France à Alger, Colin de Verdière, à l'occasion de son déplacement le 27 février dernier à Sétif, une ville symbole de la tragédie de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et qui représente le lever de rideau de l'indépendance nationale, illustre la volonté de l'Hexagone d'aborder autrement, soixante ans plus tard, les évènements. Et Benjamin Stora, éminent spécialiste, tout en affichant son optimisme quant à l'engagement de Paris de prendre en charge ce côté noir de son histoire, a souhaité dans un entretien publié hier dans le quotidien Libération que ce processus aille de l'avant. “L'histoire coloniale commence à être enseignée aux jeunes. Des manuels scolaires ont été remaniés. Il faut s'en féliciter : c'est l'effet d'une poussée citoyenne”, a conclu Stora. Mais le débat demeure ouvert. Beaucoup de choses restent à faire. Et au-delà de “l'inexcusable tragédie”, la France doit faire preuve d'un peu plus de courage politique pour assumer pleinement et entièrement son passé. Des gestes dans ce sens sont les seuls à même de décomplexer la situation pour mieux regarder l'avenir. Tout refoulement de l'histoire conduirait inexorablement à accentuer les discours xénophobes contre la communauté algérienne établie dans l'Hexagone. Et la construction de relations durables basées sur le respect mutuel et les intérêts communs sera favorisée par cette reconnaissance officielle de la France des crimes commis durant ses 132 ans d'occupation. S. T.