Les organisateurs parlent d'un taux de suivi plus qu'appréciable, pendant que la tutelle minimise la mobilisation. Le mot d'ordre de grève de deux jours lancé par les cinq syndicats de l'éducation, membres de l'Intersyndicale autonome (Unpef-Snapest-Snte-Satef-Cela) pour réclamer la satisfaction des revendications socioprofessionnelles a connu un taux de suivi important, selon des sources syndicales. Une affirmation que conforte le constat fait aux abords des établissements scolaires, à travers les grappes denses d'écoliers renvoyés chez eux dès 8 heures du matin. Selon les syndicalistes, le mouvement de protestation a mobilisé 75% de leurs adhérents à travers les établissements scolaires du pays. Cette moyenne est la résultante de taux de suivi qui ont oscillé entre 86,26% à Alger-Ouest, 30% à Blida, en passant par 77% à Biskra et 70% à Constantine ou encore 74,5% à Boumerdès. L'administration, de son côté, a contesté ces taux. Elle a estimé que le taux n'est pas si élevé que prétendu. La guerre des chiffres, comme toujours. En effet, pendant que le ministère minimise l'adhésion à la grève, les organisateurs, eux, parlent d'une forte mobilisation. "Les travailleurs ont répondu favorablement à l'appel de l'Intersyndicale de l'éducation", a indiqué Boualem Amoura, le SG du Satef, qui a situé le taux de participation entre 71 et 80%, soit un taux supérieur à celui de la grève du 14 février dernier. Selon lui, cette mobilisation s'explique par le fait que "c'est une grève qui concerne juste les travailleurs de l'éducation, lesquels se sentent concernés par les revendications soulevées, notamment l'application de la circulaire présidentielle 266-14 et la prime du Sud qui les touchent directement. Et ce, en sus des problèmes soulevés dans le cadre de l'Intersyndicale, à savoir l'amélioration du pouvoir d'achat, le code du travail, la loi sur la retraite et les libertés syndicales". Visiblement satisfait, le coordinateur national du Syndicat national des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Mériane a affirmé, pour sa part, qu'"il y a eu véritablement une participation très appréciable, qui dépasse les 70%". Il a reconnu, toutefois, des taux mitigés dans certaines wilayas, qui sont compensés par d'autres. Mais, au delà des chiffres, il a réitéré qu'"il fallait se pencher sur les problèmes et qu'il ne fallait pas laisser le feu détruire toute la forêt pour éteindre l'incendie", en ajoutant qu'"il suffit qu'il y ait du respect vis-à-vis des syndicats autonomes avec le préavis de grève, pour déclencher les mécanismes pour trouver les solutions aux problèmes légitimes posés". Le président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), Sadek Dziri, a, lui, avancé le taux de 75%, aujourd'hui, en faisant état d'"une très forte mobilisation" des travailleurs de l'éducation, avant de souhaiter "une réponse favorable de la tutelle aux revendications". Cette grève, rappelle-t-on, a lieu en dépit du fait que le ministère de l'Education nationale a reçu, il y a deux jours, les représentants de cinq syndicats protestataires ayant déposé les préavis de grève. De son côté, Mohamed Chaïb Draa Thani, conseiller au ministère, avait assuré, lundi, que la tutelle avait répondu favorablement aux revendications soulevées par ces cinq syndicats, du moins les revendications qui sont du ressort du ministère de l'Education nationale. Mais l'Intersyndicale de l'éducation n'était pas de cet avis. Boualem Amoura, le SG du Satef, a parlé carrément de "non-satisfaction" des revendications, pour expliquer le maintien de cette grève de deux jours. "Nous voulons qu'ils résolvent les problèmes que nous avons soumis à la tutelle. Nous voulons du concret", a-t-il indiqué, en citant en exemple l'application de la circulaire présidentielle 266-14, la suppression de la note éliminatoire et la revalorisation des diplômes de DEUA et licence. De cette rencontre avec la ministre de l'Education nationale, il dira : "J'ai senti qu'elle cherche la voie de la raison", car, ajoute-t-il, "elle est victime de son entourage qui lui transmet de fausses informations". A. R. [email protected]