Les médecins résidents ont montré une détermination à toute épreuve, maintenant leur mobilisation intégrale, malgré la longévité de leur débrayage. La marche nationale des médecins résidents, hier, à Constantine, a été une totale réussite. La preuve en a été faite par la mobilisation qu'elle a engendrée. La participation à la marche a dépassé, et de loin, les attentes des organisateurs qui avaient tablé sur 3 000 manifestants pour se retrouver avec une vraie marée humaine de blouses blanches. À la mi-journée, le pari était déjà réussi. Aux cris de "Goulou, goulou lil maridh, Ouyahia hakda yourid" (dites, dites aux malades, qu'Ouyahia l'a voulu ainsi) ou encore "Plus de moyens pour les citoyens", plusieurs milliers de médecins résidents ont convergé de toutes les régions du pays pour battre le pavé, hier, à Constantine. La marche s'est ébranlée du CHU Ibn-Badis vers le centre-ville, en passant par Bab El-Kantara. En chemin, elle rencontrera un obstacle de taille : une colonne de brigades antiémeutes en faction sur le pont Sidi-Rached, bloquant l'accès. Les manifestants bifurqueront vers le pont géant Salah-Bey, avant de rejoindre l'avenue Aouati-Mustapha où ils seront également empêchés de rejoindre le centre-ville. Ayant envahi la chaussée et les trottoirs sous un soleil de plomb, en un cortège bruyant, les blouses blanches ont crânement continué à scander des slogans hostiles au gouvernement. "Votre santé est notre valeur, défendre le malade est un honneur", affichait la banderole déployée en tête de la manifestation. "Il n'y aura pas de retour en arrière, et nous n'avons pas peur de l'année blanche, nos revendications sont légitimes et faisables", ont affirmé des médecins résidents que nous avons interpellés. Mais la principale cible des protestataires était le Premier ministre Ahmed Ouyahia à qui ils se sont adressés à grands cris : "Nous n'avons pas peur ya Ouyahia", "Manach fawdawiyines (nous ne sommes pas des perturbateurs, ndlr)", et ce, en réaction aux propos du Premier ministre, qui a traité les médecins résidents de fauteurs de troubles, dans une récente déclaration à la presse. Les blouses blanches ont dénoncé aussi la politique qualifiée de "défaillante" du gouvernement en matière de santé, comme en témoignent de multiples banderoles, "Ida kanet essiha bi kheir, limada loudjoue ila Val-de-Grâce, (si le secteur de la santé se portait bien, pourquoi sont-ils allés au Val-de-Grâce, ndlr)". Ils étaient près de 17 000 manifestants La mobilisation des médecins résidents, engagée depuis maintenant plus de 4 mois, est montée d'un cran. Le cortège des manifestants a été nettement plus important que les précédents, vu que les médecins résidents ont été rejoints par des médecins généralistes, des maîtres assistants, des paramédicaux, des professeurs, des externes, des pharmaciens, des dentistes, etc., venus d'Alger, d'Oran, de Sidi Bel-Abbès, de Boumerdès, d'Annaba, de Sétif, de Béjaïa, de Tizi Ouzou et d'autres wilayas, ils étaient près de 17 000 marcheurs, selon les organisateurs. Les revendications, quant à elles, portent sur plusieurs points essentiels, entre autres, l'abrogation du caractère obligatoire du service civil, le statut général et la formation. "Tant que nos revendications ne sont pas satisfaites, il n'y aura pas de marche arrière", a réagi M. Hadibi, membre du bureau du Camra-Constantine, lors d'un point de presse improvisé, en pleine rue, sur l'avenue Aouati-Mustapha. "La dernière réunion avec le ministère de la Santé se voulait un pas vers le désamorçage de la crise, cependant, elle a été un échec car nous n'avons trouvé aucun terrain d'entente", a déclaré, quant à elle, Mlle Meriem Hadjab, coordinatrice du mouvement et membre du Conseil autonome des médecins résidents algériens (Camra), à Alger. Elle ajoutera : "Nos revendications dépassent les prérogatives du Premier ministre, aussi nous faisons appel, aujourd'hui, au président de la République afin de trouver une issue satisfaisante à cette crise." 5 000 policiers mobilisés Les autorités locales ont pris les dispositions nécessaires aux fins d'un encadrement efficient de la manifestation, dès mardi. On parle de 5 000 policiers mobilisés dont des unités appelées en renfort des wilayas d'Oum El-Bouaghi et d'Annaba. Tous les accès à la ville ont été hermétiquement bouclés. Ce qui a provoqué des bouchons, notamment du côté de Bab El-Kantara et du pont géant Ahmed-Bey. Certains automobilistes arrivant de la nouvelle ville Ali-Mendjeli ont été bloqués, alors que le trafic des transports en commun et autres taxis a été fortement perturbé. Comme pour la grande marche d'Oran, aucun incident n'a été signalé hier. Lynda NACER