Le représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, n'exclut pas le transfert du dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU via l'Aiea en cas de refus des autorités de Téhéran d'accepter l'exigence européenne de ne pas chercher à développer la phase d'enrichissement de l'uranium (menant tout droit à la fabrication de la bombe atomique) en contrepartie d'une large coopération multiforme. Londres, Paris et Berlin, qui négocient avec les Iraniens depuis l'hiver 2004, n'arrivent toujours pas à obtenir des garanties sur leur programme nucléaire. À la grande satisfaction des Etats-Unis, pour qui il n'y a rien à attendre de Téhéran, classé par Bush dans l'axe des régimes à détruire. Au même titre que Pyongyang qui, lui, jure être en possession de l'arme atomique mais contre qui Bush ne peut pas grand-chose à cause du parapluie chinois. Les Européens ont même fini par partager la version américaine selon laquelle les Iraniens seraient sur le point de maîtriser la technologie de conversion de l'uranium dans le complexe d'Ispahan, qu'Israël menace de bombarder. L'échec des tractations européennes ravit d'autant plus Bush qu'il traduit également toute la faiblesse de l'UE dans la marche du monde. Les Européens n'auraient d'autre choix que de soutenir une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, préconisée depuis des mois par les Américains. La décision iranienne de reprendre ou non certaines activités nucléaires sensibles au risque de rompre la négociation avec les Européens n'est plus qu'une question de jours, devait confirmer le porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne. Téhéran a engagé depuis hier des consultations réunissant les plus hautes autorités du régime sur la reprise de ses activités nucléaires sensibles, par ailleurs, annoncée le 30 avril. Depuis cette date, Téhéran claironne que son usine de conversion d'uranium va ou pourrait redémarrer… Le complexe d'Ispahan transforme du minerai d'uranium en tétrachlorure et hexafluorure d'uranium, un gaz nécessaire à la production d'uranium enrichi dans des centrifugeuses. Certains observateurs lient l'intransigeance iranienne aux présidentielles du 17 juin que les ultraconservateurs de la république islamique compte remporter après dix années de pouvoir en trompe-l'œil par le réformateur Khatami. D. B.