Le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, a salué, hier, la venue d'une délégation iranienne à Bruxelles pour parler du nucléaire, tout en répétant que la position de Téhéran sur ce dossier devait “changer”. “C'est bien de parler, mais leur position doit changer”, a indiqué M. Solana, alors que des diplomates de l'UE3 (Grande-Bretagne, Allemagne, France) devaient recevoir une délégation iranienne pour la première fois depuis l'annonce, début janvier, par Téhéran, de la levée des scellés sur plusieurs centres de recherche nucléaires. “Ils savent comment changer, ils savent ce qu'ils doivent changer”, a indiqué M. Solana. “Ils ont pris des décisions qui étaient absolument incompatibles avec les engagements qu'ils ont pris auprès de l'Agence internationale et auprès de nous.” “Notre objectif reste le même : avoir un débat à Vienne, à l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), pour essayer d'arriver à un large consensus et à faire changer l'Iran de position”, a encore déclaré le représentant de l'UE. Les entretiens avec la délégation iranienne interviennent trois jours avant une réunion, jeudi à Vienne, du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, lors de laquelle les Etats-Unis et l'UE ont indiqué qu'ils demanderaient un renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'Onu. M. Solana a cependant souligné que l'adoption de sanctions contre l'Iran “n'était pas l'objectif” du renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité. Quant à la proposition russe d'enrichir sur son sol l'uranium iranien, M. Solana a indiqué que l'UE regardait cette offre “avec intérêt”, mais qu'il n'y avait “pour l'instant pas d'accord entre la Russie et l'Iran”. “Cela pourrait être un accord, mais il faudrait que ce soit bien fait”, a ajouté M. Solana. Le porte-parole du gouvernement iranien, Gholamhossein Elham, a pour sa part affirmé, hier, que Téhéran insistait toujours pour faire de l'enrichissement d'uranium sur son propre sol, mais qu'il était aussi prêt à négocier avec la Russie un compromis sur le “plan russe”. “Notre position est très claire. Nous ne reculerons pas. La question de l'enrichissement en Iran est notre politique déclarée et nous (la) continuerons”, a déclaré M. Elham lors de son point de presse hebdomadaire. “Mais le gouvernement, dans le cadre de sa politique déclarée, étudie la proposition russe. Nous pouvons négocier la façon dont elle peut être appliquée”, a-t-il ajouté. Les autorités iraniennes insistent pour mener, en Iran même, des activités d'enrichissement d'uranium pour la fabrication du combustible pour les futures centrales nucléaires du pays, mais cette technologie peut également permettre à l'Iran de construire l'arme atomique. Le plan russe propose à l'Iran de transférer en Russie ses activités d'enrichissement pour donner des garanties aux Occidentaux que le programme nucléaire iranien ne dévie pas vers la construction de la bombe atomique.