De hauts fonctionnaires français sont éclaboussés dans le procès instruit par les Américains sur des trafics qui se seraient déroulés à l'ombre des échanges pétrole contre nourriture lorsque Saddam Hussein avait été décrété infréquentable par Washington, avant que son pays ne soit occupé et lui-même mis sous les verrous. Citant des services de renseignement irakiens, la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants américains livre les noms de l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, d'anciens ministres socialistes, Chevènement et Joxe, de l'ancien président de la Commission européenne, le socialiste Delors et de députés, mais sans produire de preuves. Par contre, la commission sénatoriale est formelle au sujet de Charles Pasqua, Roselyne Bachelot et Serge Mathieu, ministres et députés qui ont été proches de Jacques Chirac. Pour les Américains, même s'ils n'ont pas touché de pots-de-vin, leurs représentants de la droite au pouvoir se seraient engagés à améliorer l'image de l'ancien dictateur en France et à l'étranger. La presse américaine n'avait pas cessé de faire des gorges chaudes à propos de relations chaleureuses que Chirac avait nourri avec Saddam lorsqu'il était chef du gouvernement et patron du RPR, l'ancêtre de l'UMP. Charles Pasqua a déclaré ne pas être dupe, établissant un lien entre les accusations américaines et la politique de Chirac contre l'unilatéralisme de Bush. Paris a, par ailleurs, exprimé un agacement après cette nouvelle offensive américaine, affirmant que les personnes mises en cause doivent pouvoir faire valoir leur point de vue. La France désapprouve ces méthodes et Washington doit respecter le principe élémentaire de défense, en lieu et place de cette livraison à la vindicte populaire, devait déclarer le porte-parole du ministère français des AE. Washington maintient ses accusations, en citant un mémo, daté du 6 mai 2002, relatant un entretien d'un agent du renseignement irakien avec Mme Bachelot, ancienne présidente du groupe d'amitié France-Irak, à l'Assemblée nationale française, et porte-parole de la campagne de réélection du président Jacques Chirac en 2002. La France, opposée à une attaque américaine contre l'Irak, utiliserait, selon le document cité devant le Congrès américain, son droit de veto au Conseil de sécurité de l'Onu. D. B.