La prise en charge des sinistrés semble être remise aux calendes grecques. Aucune mesure n'a été prise en leur direction par les autorités alors que leur situation se dégrade de jour en jour. Apparemment, rien ne semble présager une issue favorable à la motion adoptée par l'APW demandant à décréter la wilaya de Skikda zone sinistrée et ce, suite aux catastrophes en série engendrées par les intempéries exceptionnelles de la fin de l'année 2004 et début 2005. En effet, tour à tour, Skikda a vécu une période mouvementée marquée par des inondations, notamment celles des oueds Saf Saf et Zeramna, suivies par des tempêtes de neige d'une rare violence qui ont paralysé tout le massif de Collo durant plusieurs jours. Il aura fallu, on s'en souvient, l'intervention de l'ANP avec de gros moyens pour dégager de nombreuses localités de l'étreinte des neiges, de l'isolement et de l'asphyxie. Pour couronner le tout, le phénomène des glissements de terrain. Le bilan était alarmant et avait engendré de graves dégâts aux biens et aux infrastructures estimés à des milliards de centimes. La wilaya donnait l'impression d'avoir été dévastée par un cataclysme. Rien n'a été épargné : routes coupées suite à des affaissements, poteaux électriques arrachés, cultures emportées par les eaux, élevages d'animaux décimés, infrastructures éducatives et sportives, sérieusement endommagées, et la liste n'est pas exhaustive. Face à cette situation et devant les appels pressants des citoyens touchés, l'APW a dû inscrire à l'ordre du jour une session extraordinaire en date du 13 mars 2005 avec au programme un seul point : l'étude des conséquences des intempéries. Tous les secteurs ont été passés en revue, celui de l'agriculture a failli être omis sans la présence d'esprit d'un élu qui a demandé de le faire figurer parmi les secteurs les plus affectés. Tenant compte de l'ampleur des dégâts, l'APW avait demandé le classement de la wilaya parmi les régions sinistrées tout en sollicitant le concours de l'Etat dans la réparation des préjudices causés par ces catastrophes naturelles. À signaler que même les assurés dans le cadre de l'assurance CAT-NAT ne peuvent prétendre à un quelconque remboursement, en l'absence d'un arrêté interministériel classant la région comme zone sinistrée. Il s'agit particulièrement des propriétaires de biens bâtis effondrés des suites des glissements de terrain. Si on prend l'exemple du désastre économique, en matière d'agriculture, pour les seuls producteurs des pommes de terre de la région d'El-Harrouch, les pertes se chiffrent par milliards de centimes sachant que un hectare de pomme de terre planté revient à 22 millions de centimes. Plusieurs producteurs ont eu recours à l'endettement auprès des fournisseurs de plantes et d'intrants et ne peuvent s'acquitter facilement de ces dettes. C'est pour cette raison que l'on s'interroge sur les tergiversations des pouvoirs publics face à des sinistrés dans un désarroi total. Un élu de l'APW nous a confié que seul le ministre des Travaux publics a réagi aux appels en faisant savoir qu'une fiche technique a été introduite auprès des ministères concernés pour remédier aux dégâts causés au réseau routier. Le P/APC de Skikda a indiqué pour sa part, lors d'une rencontre avec les citoyens, qu'il avait transmis un dossier sur les dégâts occasionnés aux services concernés dont il attend une réponse. Des indiscrétions font part du peu d'intérêt accordé par les députés à ce dossier. Il était attendu d'eux une participation plus active à la sensibilisation des autorités centrales au sujet de ce lourd dossier. Alors, les citoyens sinistrés doivent-ils se résoudre à prendre leur mal en patience et accepter, la mort dans l'âme, d'autres sacrifices ? Z. R.