C'est pour tenter de capter une part substantielle de l'épargne oisive échappant au circuit bancaire que les banques publiques et privées lancent la commercialisation de produits conformes à la charia. Le recours à la finance islamique devra permettre de récupérer une bonne partie de l'argent qui circule dans le marché informel et dont les détenteurs évitent les circuits officiels à cause des intérêts usuraires, considérés illicites. Désormais, la finance islamique est intégrée dans les stratégies des banques, sous la supervision du gouverneur de la Banque d'Algérie et des orientations des pouvoirs publics. Que ce soit dans l'épargne ou dans les types de financement, ce genre de produits bancaires doit obéir aux principes de la Banque d'Algérie. "il s'agit d'un produit financier qui s'ajoute d'abord aux autres produits existants et diffusés par les banques. Il obéit à des règles un peu particulières en termes de fonctionnement mais qui s'exercera dans les banques, au sein de fenêtres, qui seront ouvertes au niveau des guichets bancaires", explique Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef) lors d'une rencontre organisée hier par l'institut des sciences économiques et commerciales de l'université Morsli-Abdellah de Tipasa. M. Djebbar avoue que cette activité fait partie de la volonté des banques de diversifier leurs produits et de satisfaire une demande émise par une clientèle potentielle. Les banques ne font, en fait, que répondre positivement à cette sollicitation. Le crédit bancaire fondé sur les principes de la finance islamique, destiné aux particuliers et aux investisseurs, est disponible dans les guichets des banques publiques. Ces prêts devront servir aussi bien les investisseurs que les particuliers, surtout pour l'acquisition des biens de consommation et les biens immobiliers. "L'implication de toutes les banques publiques dans cette opération, de par leur réseau d'agences bien étoffé, permettra d'absorber beaucoup de ressources existantes à l'intérieur et qui n'arrivent pas à accéder facilement aux guichets islamiques installés dans quelques localités seulement", indique Nasser Hideur, directeur général d'Al-Salam Bank, invité à ce colloque. La finance islamique accompagnera également, affirme M. Hideur, de nombreux porteurs de projets d'investissement de haute valeur ajoutée par des fonds propres pour cause de la contrainte chariatique des taux d'intérêts usuraires. Ce type de produits bancaires va, de ce fait, contribuer au développement local et régional. Interrogé à propos de la place de la finance islamique sur le marché, le DG d'Al-Salam Bank reconnaît qu'elle est encore petite. "La part des banques privées dans le financement de l'économie est estimé à 13%. Autrement dit, les 20 banques privées se partagent 13% du marché bancaire qui est détenu à 87% par les 5 banques publiques historiques. Au sein de ces banques privées, les banques islamiques ont une part minime de 15% soit moins de 400 milliards de dinars du marché bancaire évalué à plus de 9 000 milliards de dinars. Ce qui reste insignifiant", relève Nasser Hideur. En ce qui concerne l'organisation technique au sein des établissements, la plupart des banques ont opté, souligne-t-il, pour la mise en place dans une même agence, d'une structure centrale qui encadre cette activité et offre ce type de produits dans le même guichet bancaire. Ainsi, le client peut choisir dans la même agence, les prestations bancaires d'épargne et de crédits conformes à la charia ou celles classiques. B. K.