Le calme a caractérisé les marches et les manifestants ont réaffirmé leur détermination à continuer le combat identitaire de leurs aînés. D'où leur appel à "la vigilance et à l'unité dans l'action". Trois marches ont été organisées, hier et avant-hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya de Béjaïa. Ces actions, qui se sont déroulées dans la diversité, entrent dans le cadre de la commémoration du double anniversaire du Printemps berbère d'Avril 1980 et du Printemps noir d'Avril 2001. Deux de ces manifestations s'inscrivent toujours dans l'esprit du combat démocratique et identitaire des deux Printemps de la Kabylie. Mais pour la troisième, le pouvoir politique y a initié, lui aussi, sa marche, organisée via l'administration locale, en l'occurrence les directions de wilayas de la Jeunesse et des sports, de la culture et de l'artisanat et auxquelles se sont joints les scouts et des troupes folkloriques (idebalen) et des chœurs. Les étudiants de l'université Abderrahmane-Mira étaient les premiers à ouvrir le bal, jeudi. En effet, à l'appel d'un collectif estudiantin, une marche a été organisée à laquelle se sont jointes des figures du MCB et des personnalités politiques et du monde la culture. La marche de la communauté universitaire s'est ébranlée à 10h30 depuis le campus de Targa-Ouzemour vers la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. Les manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir. La marche a été marquée par la participation d'une des figures de proue du Mouvement culturel berbère, Djamal Zenati en l'occurrence, ex-détenu d'Avril 80, du porte-parole du Comité national de soutien aux travailleurs du groupe Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa, Mourad Bouzidi, des écrivains d'expression amazighe, Brahim Tazaghart, Rachid Oulebsir et Mohamed Aït-Ighil, du chanteur engagé Boudjemaâ Agraw, du député Khaled Tazaghart du Front de l'avenir, de Brahim Bennadji, député indépendant et du député Atmane Mazouz ainsi que des élus locaux APW et APC du RCD. À la Place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, le collectif des étudiants a improvisé une prise de parole de ses membres qui ont souligné leur détermination à continuer le combat identitaire de leurs aînés dans toutes ses dimensions. D'où leur appel à "la vigilance et à l'unité dans l'action", en appelant la population à participer massivement à la marche prévue hier vendredi, du Collectif militant MCB-Tafsut 80. "L'académie de la langue amazighe doit répondre aux standardisations internationales. La substance permanente doit être de rang magistral et la loi organique doit répondre aux grandes attentes de la population. Toute tentative de la dévoyer aura de graves conséquences", nous a déclaré en aparté, l'écrivain Brahim Tazaghart comme pour souligner l'enjeu de l'heure. Quant à la marche d'hier, elle a été marquée par une mobilisation plus forte que la veille. Il faut dire que les deux organisations, qui ont fait des appels séparément, ont fini par marcher côte à côte. Les membres du Collectif militant-Tafsut 80 ont fini par rejoindre les troupes du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) de Ferhat M'henni. La marche a démarré du campus Targa-Ouzemour vers la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. La marche, "tolérée" par les services de sécurité qui se sont déployés en force dès la matinée, s'est déroulée sans incident. Tout au long de leur itinéraire, les marcheurs n'ont pas cessé de scander des slogans hostiles au pouvoir. À leur arrivée au carrefour de la cité Nacéria, les manifestants ont marqué une halte pour observer une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir et en entonnant la chanson d'Oulahlou Pouvoir assassin. À la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, point de chute de la manifestation, les responsables de la manifestation ont improvisé une prise de parole. Ce qu'il faudra noter dans cette marche, c'est la présence en masse de la gent féminine. L. Oubira/M. Ouyougoute