La conférence sur la lutte contre le financement du terrorisme organisée à Paris "No money for terror" a été clôturée, jeudi, avec l'engagement des participants, 72 Etats et 20 organisations internationales, à adopter une stratégie qui se décline à travers 10 mesures et décisions. C'est ce qui ressort de la déclaration finale, citée par l'APS, où ils s'engagent, à travers une approche intégrée, à "renforcer leur contribution nationale et collective à la lutte contre le financement d'individus, de groupes, d'entreprises et d'entités terroristes". Et essentiellement de renforcer les instruments juridiques et opérationnels pour la collecte, l'analyse et le partage des informations. Il s'agit, comme l'a toujours plaidé l'Algérie, de criminaliser le financement du terrorisme en s'attaquant à ses sources pour démanteler "son industrie" qui est passée de la libération des otages contre le paiement de rançons aux divers trafics, armes, drogue, traite des êtres humains... avec des interconnexions avec les réseaux du crime organisé. Il s'agit donc de s'attaquer au financement des déplacements et du recrutement des terroristes à travers des sanctions à l'encontre des terroristes ou de leurs éléments de soutien. Tout comme la lutte contre les transactions financières anonymes en améliorant les instruments de traçabilité. Pas simplement, mais aussi, et c'est un défi, contre les transactions en liquide qui représentent le plus grand volume, notamment en matière de trafics. "Nous nous engageons à renforcer en tant que de besoin les cadres de partage d'informations avec le secteur privé, qui peuvent permettre aux autorités compétentes d'obtenir des informations pertinentes, y compris sur les bénéficiaires effectifs", est-il mentionné dans le document final où il est précisé que "ces cadres devraient permettre de lutter contre la fraude documentaire, de tracer, de détecter, de sanctionner et de démanteler efficacement les intermédiaires financiers clandestins, ainsi que de faire face aux risques liés à l'utilisation du paiement en liquide, des systèmes informels de transfert financier (hawalas par exemple), des cartes prépayées et des moyens de paiement anonymes". Ils ont également insisté sur la mise en œuvre effective des normes du Gafi (Groupe d'action financière) pour "pister" les subventions accordées aux associations compte tenu des risques de leur détournement vers les groupes terroristes. Comme ils ont décidé de travailler avec l'industrie du numérique, notamment les plateformes et les réseaux sociaux, sous forme d'une collaboration avec le renseignement financier, la police, la justice et le renseignement d'enquête. Outre la coopération, les participants ont plaidé pour le soutien des Etats qui manquent de moyens et de capacités pour lutter seuls contre le financement du terrorisme. Le même besoin se fait ressentir dans ces pays même en matière de lutte militaire contre le terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a exposé, lors de cette conférence, les conclusions de la Conférence d'Alger sur le même thème, organisée les 9 et 10 avril, en rappelant les différentes ressources financières auxquelles ont accès ou se créent les groupes terroristes en évoquant la stratégie pour les assécher. Il a, par ailleurs, rencontré, en marge de la rencontre, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, conseiller du président de la République française sur le renseignement, Pierre Bousquet de Florian, ainsi que le coordonnateur de la lutte contre le terrorisme au Département d'Etat américain, Nathan Sales, avec lesquels il a évoqué la question du renforcement de la coopération bilatérale, mais aussi de la situation en Libye et au Mali. Djilali B.