La composante du nouvel exécutif témoigne en tout cas de la nouvelle ligne que les nouveaux dirigeants forts entendent imprimer au parti. C'était l'une des annonces d'Ali Laskri, membre du présidium lors d'une conférence de presse animée au lendemain de la tenue du congrès extraordinaire du parti le 20 avril dernier : un "assainissement" prochain dans les rangs du FFS. Vingt jours après cette annonce, les premières mesures tombent : la mise à l'écart de ce qu'on présente comme les figures proches du "cabinet noir" du parti, même si Ali Laskri a toujours refusé l'usage de cette terminologie. Dans la liste de la composante du secrétariat national du parti annoncée samedi, de nombreuses figures ont été, en effet, écartées à l'image du chef du groupe parlementaire, Chafaâ Bouiche, l'ex-chargé à la communication, Hassen Ferli, ou encore l'actuel P/APW de Tizi Ouzou, Youcef Aouchiche, chargé jusque là du poste stratégique de secrétaire à l'organique. Ceux qui s'étaient portés sur la liste rivale à celle d'Ali Laskri ont également été sacrifiés même si pour certains les postes qu'ils occupent actuellement dans les assemblées élues ne leur permettent pas visiblement d'assumer des charges au sein du secrétariat. C'est le cas du P/APW de Béjaïa M'henni Haddadou, Djamel Baloul et l'ancien premier secrétaire, Mohamed Nebbou. À l'inverse, des militants chevronnés qui ont eu maille à partir avec le "cabinet noir" ont été réhabilités. C'est le cas, par exemple, du sénateur Moussa Tamatardaza, désormais secrétaire national à l'analyse et à la prospective ou encore de l'ancien fédéral de Tizi Ouzou, Farid Bouaziz. Fait nouveau : la désignation d'un cabinet conseil auprès du premier secrétaire, composé notamment d'anciennes figures de proue du parti, comme Ahmed Djedaï, Dalila Taleb ou encore Malek Sadali et Abdelmalek Bouchafa. En attendant d'éventuels changements qui devraient toucher également la commission des règlements des conflits, aux mains jusque-là des "proches du cabinet noir", il faut relever la suppression du secrétariat à l'international, autre chasse gardée de ce même cabinet. Et s'il est sans doute prématuré d'évaluer l'ampleur de l'assainissement envisagé, la mise en place du nouvel exécutif témoigne en tout cas de la nouvelle ligne que les nouveaux dirigeants forts entendent imprimer au parti. Surtout qu'Ali Laskri a renoué avec des éléments de langage mis sous l'éteignoir depuis quelques années. C'est ainsi qu'il a évoqué récemment la "Constituante", "la nécessité d'aller à une deuxième République" et accusant même le pouvoir, dans son traitement des syndicats autonomes, de pratiques qui "replongent le pays dans les années noires de contrôle de la société par la police politique". "Notre élection constitue un tournant historique dans notre parti car résultant d'une compétition transparente et démocratique entre militants, que nous considérons comme exemplaire. Cette pratique politique marquera, désormais, systématiquement, les élections internes ou externes au parti, avec un choix démocratique des candidatures. Nous veillerons à restituer le parti à ses militants dans toutes les structures et dans son mode de fonctionnement (...). Pour corriger les dysfonctionnements, nous procéderons chaque fois que de besoin à un assainissement démocratique comme préconisé par feu, notre président Hocine Aït Ahmed", avait promis Laskri au lendemain du congrès extraordinaire non sans ajouter, plus loin, que "notre ligne politique est inviolable", histoire de suggérer que les velléités de rapprochement avec certains cercles du pouvoir qu'on prêtait à tort ou à raison au "cabinet noir" relèvent du passé. C'est dire que les prochains chantiers dont notamment le renouvellement des fédérations et des sections, le renouvellement des commissions du CN, l'organisation de la conférence nationale des élus et l'organisation de la conférence nationale d'audit pour préparer le prochain congrès ordinaire du parti risquent de charrier bien des surprises. Assurément, une nouvelle page s'ouvre au FFS. Karim K.