"Malgré la dépense énorme estimée à 1 000 milliards de dollars, le pays est toujours exclusivement dépendant des recettes pétrolières", a évoqué, entre autres arguments, le président du MSP. Ragaillardi par sa réélection à une majorité écrasante à la tête du Mouvement pour la société de la paix (MSP), à l'issue du 7e congrès du parti tenu le week-end dernier, Abderrezak Makri s'est présenté, hier, devant la presse, pour affirmer qu'il demeure un opposant et que son parti ne dévie pas de sa ligne, à savoir son hostilité au pouvoir. Le président du MSP a été, en effet, sans concession avec le pouvoir et particulièrement avec le président Bouteflika dont il juge le bilan des quatre mandats, globalement, négatif. "Tous les bilans sont négatifs", a soutenu Makri qui répondait à une question relative aux récentes sorties des chefs du FLN et du RND qui ont annoncé la présentation du bilan des quatre mandats du chef de l'Etat avant la fin de l'année en cours. Un bilan qu'ils clament positif, bien évidemment. Abderrezak Makri explique pourquoi il évalue négativement le long règne de Bouteflika. "Malgré la dépense énorme estimée à 1 000 milliards de dollars, le pays est toujours exclusivement dépendant des recettes pétrolières. Les fonctionnaires, au nombre de 7 000, sont toujours payés par l'argent du pétrole. Malgré tout l'argent dépensé, nous n'avons pu créer que 600 000 entreprises dont seulement 20 000 viables, alors que le pays a besoin d'au moins 2 millions d'entreprises viables pour pouvoir diversifier son économie et sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Donc, aujourd'hui le bilan est clairement négatif", dit-il sentencieux. Il rappelle dans la foulée que le président Bouteflika avait, lui-même, reconnu, devant un Conseil des ministres, "l'échec" de ses politiques. "Certes, personne ne peut nier les réalisations qui sont toujours mises en avant par ceux qui parlent de bilan positif, mais ces réalisations n'ont pas permis le développement du pays, encore moins la diversification de notre économie. Nous parlerons de bilan positif, le jour où nous aurons construit une économie avec une croissance forte. Mais hélas, nous sommes encore et toujours totalement dépendants de l'étranger. Nous importons quasiment tout ce que nous consommons. Donc, encore une fois, la manne que le gouvernement a dépensée n'aura pas servi le pays et le bilan reste, on ne peut plus clairement, négatif", a-t-il encore martelé. Le président du MSP a évoqué, par ailleurs, le projet de consensus national avec l'ensemble de la classe politique, le pouvoir y compris, auquel son parti travaillera en vue d'une transition démocratique. M. Makri a déclaré qu'il s'attellera à contacter l'ensemble des acteurs politiques pour les faire éventuellement adhérer à son projet, même s'il se pose déjà pour le rôle pivot de médiateur. "Nous sommes prêts à consacrer nos connaissances et les relations que nous entretenons avec nombre d'acteurs politiques pour assumer le rôle de médiateur", a-t-il dit. Qu'en est-il du sort de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) dont la dernière réunion remonte à la veille des législatives de 2017 ? M. Makri qualifie l'expérience de positive. "Peu importent les mécanismes et les cadres, l'essentiel c'est d'ouvrir le débat avec l'ensemble de la classe politique, partis de l'opposition et ceux du pouvoir, afin de dégager un consensus national", a-t-il expliqué. Interrogé par ailleurs sur la dernière sortie, pour le moins virulente, du SG du FLN, Djamel Ould Abbes, qui accusait l'opposition d'être "atteinte d'Alzheimer", Abderrezak Makri lui a réservé cette réponse cinglante : "Nous aimerions bien qu'un médecin consulte, un jour, l'ensemble des chefs de parti pour nous donner le vrai bilan de santé de chacun d'entre nous." Farid Abdeladim