La ville, défigurée par la secousse qui a endeuillé plusieurs familles, ne s'est toujours pas remise de son drame. Elle continue quinze ans après de panser ses plaies. Que reste-t-il quinze ans après le séisme destructeur du 21 mai 2003 qui a ébranlé Boumerdès et ses environs ? Des souvenirs d'un être perdu, des repères disparus à jamais, mais aussi beaucoup de tristesse. En ce mois sacré des familles de Zemmouri, de Thénia et de beaucoup d'autre localités n'ont pu retenir leurs larmes en se remémorant ces proches que le destin est venu happer. Boumerdès qui a fait face à une double tragédie, l'une naturelle, et l'autre humaine panse ses plaies et se projette vers l'avenir, et c'est ce message que les autorités locales ont voulu faire passer en cette journée de commémoration en présence d'un millier de personnes réunies pour des préaffectations vers leurs nouveaux logements. 1 590 familles ont bénéficié de logements au titre des différents programmes. À Zemmouri, 600 familles ont été relogées au site Torney. Le wali relève que les 8 000 sinistrés ont été relogés dès la deuxième année qui a suivi le séisme, et aujourd'hui ce sont des cas sociaux qui ont bénéficié de logements grâce à cette 27e opération. Le coût de la prise en charge du désastre est estimé à plus de 7 600 milliards de dinars. Le séisme de Boumerdès a vite fait réagir les pouvoirs publics grâce à une nouvelle reclassification de Boumerdès passant de zone sismique de catégorie 2 à catégorie 3, ce qui implique que tous les projets de logements et d'urbanisme en réalisation ou prévus au lancement dans la wilaya doivent se faire selon les normes parasismiques. Mais les responsables, à tous les niveaux, chargés de leur application ont failli à leur mission, car les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement n'ont pas découragé les gens à construire illicitement et surtout librement sans qu'ils soient inquiétés. Des villas ont été érigées sur des conduites de gaz, d'eau et sous des lignes électriques de haute tension, l'Etat demeure toujours impuissant pour lutter contre ces constructions et faire respecter cette loi. La loi 08-15 relative à la mise en conformité, censée apporter une solution à ces constructions, n'a fait qu'encourager ce phénomène ouvrant la porte à de nombreux constructeurs qui se sont engouffrés dans la procédure pour se faire régulariser. Même des édifices publics classés constructions non conformes ont été "régularisés". L'on ne semble pas avoir appris la leçon du séisme. L'intérêt est accordé, bien entendu, à l'acquisiton d'un logement, en raison parfois de l'urgence, alors que le respect des normes est devenu secondaire. Depuis décembre 2016, 8 460 chalets ont été démantelés et autant de familles relogées, soit 57% de ceux existants en attendant 2 200 logements de la 28e opération qui se déroulera le mois de juillet prochain. L'opération concernera les villes de Boudouaou, Thénia et Dellys. En cette journée commémorative, l'on se rappellera particulièrement notre confrère Hammouche Rabah, chef du bureau de Liberté, disparu à Corso après avoir sauvé les siens. Wahab M.