Le président de la FAF a désormais suffisamment d'arguments pour plaider sa cause auprès des décideurs et les convaincre de sacrifier Madjer. Les dernières prestations et résultats de l'équipe nationale de football ont fini par convaincre le président de la FAF, Kheirredine Zetchi de mettre fin au contrat du sélectionneur national Rabah Madjer, sept mois après sa nomination à la tête des Verts en remplacement de l'Espagnol Lucas Alcaraz, également limogé pour insuffisance de résultats. L'ensemble de son bureau fédéral est du reste d'accord avec cette décision extrême, rendue inéluctable par l'état de déliquescence généralisée atteint par l'équipe nationale. Même le directeur technique national, Rabah Saâdane, qui a pris ses distances par rapport à Madjer, alors qu'il était censé être son premier conseiller, ne veut pas le défendre. En coulisses, il a confié que Madjer mène les Verts à la dérive. Zetchi a donc également l'aval de la direction technique nationale pour entériner sa décision lors de la prochaine réunion du bureau fédéral, prévue après la rencontre amicale contre le Portugal, prévue jeudi soir à Lisbonne. Une rencontre qui devrait consolider les appréhensions de tout le monde vis-à-vis du travail dérisoire accompli par Madjer et son staff. Cependant, dans la réalité des faits, le processus de prise de décision n'est pas aussi simple. Fait singulier et sans doute inédit en Algérie, Zetchi a besoin de l'accord des autorités politiques pour officialiser sa décision de limoger Madjer. Pourquoi ? En fait, et nous l'avions déjà écrit dans ces mêmes colonnes, la nomination de Madjer à la barre technique de l'EN n'est pas l'œuvre de Zetchi et de son bureau fédéral. Ce dernier avait plutôt pris option pour Djamel Belmadi. Cependant, le cercle de la présidence de la République, qui avait intimé l'ordre à Zetchi de se débarrasser d'Alcaraz à n'importe quel prix (indemnités de limogeage), a décidé lui-même de choisir le nouvel entraîneur national. Le pouvoir prend rapidement option pour la solution locale. Les décideurs ne chercheront d'ailleurs pas longtemps avant d'opter pour Rabah Madjer, un proche du cercle présidentiel pour avoir soutenu publiquement le quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Ce choix est également privilégié dans la perspective du cinquième mandat de Bouteflika. Mis au pied du mur au risque de se voir lui-même dégommé de la FAF, Zetchi n'avait pas d'autre choix que de valider la candidature de Madjer à moins de démissionner de son poste. Du coup, aujourd'hui que les résultats de l'équipe affichent une chute vertigineuse et que le public réclame la tête de Madjer, Zetchi a l'occasion de rectifier le tir. Il a suffisamment d'arguments pour plaider sa cause auprès des décideurs et les convaincre de sacrifier Madjer. Mais il doit attendre le feu vert. La dernière déclaration du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, qui n'a pas caché son mécontentement après la défaite humiliante des Verts contre le Cap-Vert, est cependant un indice quant au fait que Madjer aurait été lâché par la sphère décisionnelle. "Notre équipe nationale possède tous les moyens, notamment des joueurs de qualité mondiale, il est inadmissible de perdre un match pareil, même s'il s'agit d'un match amical face à une équipe qui avait de la chance d'affronter l'équipe d'Algérie", a martelé le premier responsable du sport algérien. Et d'ajouter : "Il faut apprendre les leçons, et corrigér ce qu'il y a à corriger pour progresser. Il ne faut surtout pas rater le prochain rendez-vous. Un grand travail attend la sélection nationale, c'est un grand chantier." Il est vrai que le pouvoir, à quelques encablures de l'élection présidentielle ne souhaite pas entretenir un foyer de tension en équipe nationale. En Algérie, le football est, quelquefois, une affaire d'Etat. S. L.