Des sources concordantes laissent entendre que leur interpellation a un lien direct avec la saisie des 701 kg de cocaïne au port d'Oran. Alors que les raisons de l'interpellation du journaliste, Saïd Boudour, et du lanceur d'alerte, Noureddine Tounsi, ne sont toujours pas connues officiellement — leur présentation devant le magistrat instructeur du tribunal de Sidi M'hamed devant avoir lieu aujourd'hui — plusieurs sources concordantes laissent entendre qu'elles ont un lien direct avec la saisie des 701 kg de cocaïne au port d'Oran. Ce qui expliquerait que les deux hommes ont été déplacés vers la capitale, le ministère de la Justice ayant décidé de transférer le dossier au pôle pénal spécialisé de la capitale en raison de l'implication présumée d'une quarantaine de personnes dont la majorité réside à Alger. "Mais jusqu'ici, rien n'est confirmé. Tant que les deux hommes n'ont pas été présentés, nous ne pouvons pas dire avec certitude qu'ils ont été arrêtés dans le cadre de ce dossier", nous a-t-on déclaré au niveau de la Laddh d'Oran où on nous a informé que plusieurs avocats, dont Me Mustapha Bouchachi, se sont constitués en collectif pour la défense de Boudour, Tounsi et deux autres journalistes de la presse électronique également interpellés ce week-end. À Oran, journalistes et citoyens s'inquiètent des procédés utilisés dans l'interpellation de Boudour et Tounsi. L'un a été "enlevé", selon le mot de la Laddh, par des inconnus en civil et en voiture banalisée, l'autre a été interpellé au volant de sa voiture, en plein milieu de la circulation "comme de vulgaires terroristes", s'insurge un journaliste qui estime que "Boudour et Tounsi auraient pu être convoqués, et ils se seraient présentés d'eux-mêmes", d'autant que l'un est journaliste et que l'autre avait lui-même appelé les autorités à enquêter sur des cas de corruption au port. "Il a été poursuivi en justice par la direction du port et a été relaxé". Les deux hommes n'avaient donc aucune raison de se soustraire à une convocation des autorités et "celles-ci aucune raison de recourir à ces méthodes d'un autre âge". Constat partagé par de nombreux observateurs qui voient dans ces interpellations un autre signe du recul de la liberté de la presse "dans un pays où les autorités tentent coûte que coûte de museler les journaux". "Certes, il est arrivé que certains journaux, télévisions et sites électroniques aient manqué d'éthique ou été responsables de dérives. Cela ne doit pas constituer un prétexte pour remettre en question les acquis que sont les libertés d'expression et de la presse", professe un enseignant universitaire en estimant que c'est à "la corporation elle-même d'agir, à la fois, pour mettre fin à ces agissements nuisibles à la profession et de s'organiser pour consolider ses rangs". Beaucoup d'Algériens considèrent, en effet, que quels que soient les griefs qui peuvent être reprochés aux journalistes, les autorités doivent abandonner "ces méthodes d'un autre âge" et se conformer à la loi qui protège aussi bien la dignité humaine des justiciables que la présomption d'innocence. S. Ould Ali