Sa traduction du Coran : "Je vais l'aborder avec l'émotion qui s'attache à un texte qu'on essaie d'accueillir en soi-même par une identification, fut-elle retenue, qui se veuille sincère et engagée, selon une procédure n'ayant rien à voir en tout cas avec le pédantisme arrogant déployé en la matière par trop de spécialistes... Ce texte fondamental qui commande le respect et qui rayonne de pouvoirs, je ne l'aborderai pas dans l'attitude de la foi, mais celle de la recherche et l'objectivité critique... Il n'est pas besoin d'être musulman pour être sensible à la beauté singulière de ce texte, à sa plénitude et à sa valeur universelle... Bien qu'émanant d'un non-Musulman, d'un laïc, et traité sans complaisance... L'objectivité doit tenir compte de cette foi sous peine d'impropriété." Sa pensée : modernité et authenticité : "La modernité, disait-il, c'est la nécessité de tirer les conséquences de la révolution politique, scientifique et technologique, en se gardant de ses dérives. L'authenticité, c'est la nécessité de conduire les transformations qui s'imposent dans la logique d'une culture particulière, en se préservant du passéisme." Berque et les musulmans : il parlait des musulmans, parlait aux musulmans, comme personne ne l'a fait avant lui. Il ne cherchait pas à échapper aux nécessités d'une critique franche. Il a mis en valeur des données essentielles de l'Islam. Sans s'ingérer dans les différends entre les pays arabes, il s'est trouvé engagé dans les débats internes du monde musulman : "Ma traduction du Coran, aujourd'hui me fait entrer, moi catholique, dans un débat entre Islam des lumières et un Islam obscurantiste. J'ai eu et j'ai encore le privilège - et le risque - d'étudier ces sociétés de l'intérieur." Berque et le Prophète : il vouait un respect immense au Prophète (sws). Il avait été profondément scandalisé et, l'avait fait savoir, je le cite : "Quand, dans un roman provocateur, calomniateur,... d'un auteur anglo-indien, il avait été parlé du Prophète et de sa famille avec légèreté, indécence et mauvaise foi." Un tel outrage était insupportable à Jacques Berque. Jacques Berque et l'islamologie moderne : il a œuvré pour l'islamologie et le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée : "Les peuples, écrit-il dans l'Islam au temps du monde, doivent pouvoir s'affirmer tels qu'ils se sentent et se veulent ; et les peuples de l'Islam tout comme les autres... l'idée que l'Occident se fait de l'Islam le met trop rarement en situation de dialogue." M. C.