Pendant que le procès se déroulait dans une salle d'audience pleine à craquer, un rassemblement de soutien à Mourad Bouzidi était observé à l'extérieur. Le président de la cour d'appel de Béjaïa a décidé, hier, de mettre en délibéré, pour le 24 juin prochain, l'affaire opposant le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, Mourad Bouzidi, au directeur général du port de Béjaïa, Djelloul Achour. Le report du verdict dans cette affaire a été décidé par le juge en charge du dossier, à l'issue du procès, hier matin, devant la cour d'appel de Béjaïa, à l'extérieur de laquelle était rassemblée une foule nombreuse. En effet, au moment où le procès se déroulait dans une salle d'audience pleine à craquer, plusieurs autres citoyens observaient un rassemblement de soutien au militant Mourad Bouzidi, exigeant l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre ce dernier. À noter la présence à ce rassemblement, outre des représentants des travailleurs de Cevital, des deux députés du RCD, Atmane Mazouz et Nora Ouali, du porte-parole du parti Alternative pour le changement (AC), le Dr Djamel Marniche, de l'ancienne figure de proue du Mouvement culturel berbère (MCB), de Djamel Zenati, de Sofiane Adjlane du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), de Nabil Ferguenis du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation (Satef), de Kader Sadji du Café littéraire de Béjaïa (CLB), des membres de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital, dont Djamel Boucheta, Rachid Saou et Kaci Sayad, ainsi que d'autres militants associatifs et acteurs politiques... Appelé à la barre, Mourad Bouzidi répond sereinement aux questions du juge, en réitérant fidèlement les propos qu'il avait tenus lors de la marche citoyenne organisée le 2 juillet 2017. Des propos que le DG de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Djelloul Achour, avait jugés "diffamatoires". Rappelons que M. Bouzidi avait déclaré que "le premier responsable du port de Béjaïa s'est substitué au président de la République à Béjaïa", du fait que celui-ci s'est permis d'usurper plusieurs fonctions qui ne relèvent guère de ses prérogatives. Afin d'étayer ses propos, le mis en cause rappellera au juge qu'Achour Djelloul a usurpé les fonctions des directeurs des Domaines, de l'environnement, des Douanes et mêmes de celles de la police scientifique en se prononçant sur l'origine de l'incendie ayant affecté, le 20 octobre 2017, l'un des hangars de stockage de matières premières du complexe agroalimentaire de Cevital à Béjaïa. Insistant sur le caractère "calomnieux" de la dénonciation, l'avocat du directeur général de l'EPB plaidera, pour sa part, pour "l'application stricte de la loi" et demandera la reconduction de la peine de trois mois de prison avec sursis, prononcée le 2 janvier dernier, par le tribunal de première instance de Béjaïa. Même le représentant du ministère public a, d'ailleurs, requis le maintien du premier jugement. De leur côté, les avocats de la défense, sous la houlette de Me Noureddine Benissad, battront en brèche tous les arguments mis en avant par la partie plaignante. À l'issue des plaidoiries des deux parties antagonistes, le juge décidera de la mise en délibéré de l'affaire et annoncera que le verdict sera connu dans deux semaines, soit le 24 juin. Rejoignant le rassemblement citoyen qui se tenait en face du Palais de justice de Béjaïa, Mourad Bouzidi a pris la parole, afin de faire un compte-rendu de son procès. "Nous avons assumé notre combat pour le droit à l'investissement. C'est un combat entre l'espoir et le désespoir. Nous n'avons fait que dénoncer la situation de blocage que subit le projet d'usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital à Béjaïa. Nous avons utilisé les mêmes termes que ceux utilisés par le Premier ministre qui a, lui-même, parlé de blocage des équipements industriels importés par le groupe Cevital. Je considère que si la décision de la cour de Béjaïa venait à confirmer la peine prononcée en première instance, c'est le droit à l'investissement qui serait condamné", a-t-il déclaré. Kamal Ouhnia