Annoncé pour fin 2015, puis fin 2016 avant d'être repoussé une nouvelle fois pour la fin de l'année dernière, l'achèvement des travaux de l'édifice cultuel et culturel est renvoyé à la fin de l'année en cours. Non-maîtrise des délais, des coûts jamais rendus publics et d'interminables extensions ; la Grande mosquée d'Alger, souhaitée par Abdelaziz Bouteflika comme un temple qui doit symboliser son règne, devient un vrai boulet pour les autorités. Dans un énième coup de communication, le ministre de l'Habitat, qui a hérité de la gestion de la construction de ce lieu de culte, a rendu publics, à la fin de la semaine dernière, les "délais" de livraison de la superstructure. Comme pour perpétuer une tradition entamée par ses prédécesseurs, Abdelwahid Temmar a, une nouvelle fois, fixé la date du 31 décembre 2018 pour livrer trois parties importantes de l'édifice : le minaret, la salle de prière et le siège administratif de l'établissement qui gérera la mosquée. Sauf que comme les anciens ministres de l'Habitat, Abdelwahid Temmar risque de tomber dans les mêmes travers : le taux d'avancement des travaux semble être très lent pour permettre une inauguration dans les 6 mois à venir. Un document élaboré par l'Agence nationale de réalisation et de gestion de la Grande mosquée d'Alger (Anargema), cité par l'APS, évoque un taux d'avancement des travaux de 65% pour le parking, 64% pour le minaret et 58% pour la bibliothèque. Dans ces compartiments, les travaux restant à faire sont énormes. Les 3 300 ouvriers, dont une majorité de Chinois, doivent terminer les ornements extérieurs, les décorations et la pose de tableaux et autres œuvres d'art qui devront agrémenter l'immense salle de prière qui abritera, à terme, plus de 120 000 fidèles. Les délais de livraison de la Grande mosquée sont sans cesse repoussés. Annoncé pour fin 2015, puis fin 2016 avant d'être repoussé une nouvelle fois pour la fin de l'année dernière, l'achèvement des travaux des principaux compartiments de l'édifice cultuel et culturel est, une nouvelle fois, renvoyé à la fin de l'année en cours. En matière de ratage, les délais ne sont pas le seul péché du gouvernement. Le budget consacré à la construction de la Grande mosquée d'Alger n'a jamais été rendu public. En dehors du coût initial, évalué à quelque 1,3 milliard de dollars en 2011, personne n'est en mesure de donner le coût exact de ce chantier. Des informations, jamais démenties, évoquent des rallonges budgétaires à répétition. Parce que outre les coûts des matériaux qui ont dû augmenter en sept ans de travaux, le gouvernement doit faire face à de nouvelles dépenses. Il y a quelques semaines, le ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, a évoqué la réalisation de bretelles qui relieront la Grande mosquée à certains axes routiers. Puis, le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, lui emboîtera le pas quelques jours plus tard pour évoquer de nouvelles extensions de la mosquée. Les habitations environnantes, y compris un édifice chrétien, seront démolies pour entourer la Grande mosquée de jardins et autres espaces verts. Cela nécessite des expropriations qui alourdiront encore le budget consacré au projet. Prévue initialement sur une superficie de 27,75 hectares, la Grande mosquée d'Alger affiche des ambitions démesurées. Elle est considérée comme la 3e plus grande mosquée du monde avec un minaret de 265 mètres répartis sur 43 étages. La grande salle de prière d'une superficie de 20 000 m2 et supportée par 618 colonnes octogonales pourra accueillir 120 000 fidèles. Ali Boukhlef