"Les rapports incriminant l'Algérie sur la question des migrants n'engagent que leurs rédacteurs. Nos remarques et nos propositions sont faites d'une manière directe aux autorités algériennes", a souligné le représentant du HCR, Hamdi Bukhari. Le centre d'accueil de la wilaya de Tamanrasset a reçu, ce samedi, un contingent de 330 migrants qui devaient être renvoyés vers leur pays d'origine, le Niger. D'importants moyens ont été déployés pour que cette opération, supervisée par des représentants de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) et du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés), se déroule dans les meilleures conditions possibles. Des mesures toutes particulières ont été ainsi prises pour ce rapatriement qui a vu la participation de nombreuses instances locales et d'organisation ayant réservé aux hôtes un accueil chaleureux à l'hospitalité coutumière de cette capitale du Grand Sud. Cette opération sert de réponse aux rapports accablant l'Algérie sur la question migratoire et permettra, du coup, à ce pays d'Afrique du Nord de mieux conforter sa position internationale en honorant ses engagements humanitaires vis-à-vis de cette population vulnérable. Lors d'une visite guidée à l'intérieur du centre d'accueil où on s'est enquis des conditions de prise en charge des migrants, le wali de Tamanrasset, Djilali Doumi, a d'emblée tenu à faire savoir que les autorisations des personnes concernées par ce contingent ont été établies par le consulat général du Niger à Tamanrasset à l'effet d'accélérer les formalités administratives relatives à cette opération de rapatriement. Evoquant l'importance du phénomène de l'immigration qui tend à devenir universel, M. Doumi a dressé un constat montrant la particularité de dossier constituant une urgence pour la communauté internationale qui devrait prendre des mesures en collaboration avec les pays concernés. "Les choses se sont développées à un point où l'Algérie, aujourd'hui, n'est plus considérée comme un pays de transit, mais carrément une destination, un pays de fixation et de sédentarisation. À ce stade-là, nous nous sommes retrouvés en face de toute la difficulté afro-africaine", a laissé entendre devant la délégation des Nations unies qui n'a pas tari d'éloges sur l'Algérie et les organisateurs de ces opérations qu'on qualifie de "complexe". Selon le représentant de l'OIM, Pascal Reyntjens, la question migratoire est un grand défi nécessitant une réponse humanitaire directe aux populations qui souffrent. Seulement pour y parvenir, il faut qu'il y ait "ce courage d'avancer sur le dialogue international afin de pouvoir trouver des réponses adaptées chez les voisins, mais d'une manière plus large au niveau des voisins qui sont plus lointains : entre les régions. Là on parle d'un dialogue régional, d'un dialogue interrégional et d'une approche globale en mettant en avant les questions de souveraineté nationale qui dépend de chacun des Etats concernés", a-t-il préconisé en rappelant que la main de l'OIM est toujours tendue pour apporter sa contribution à ce dialogue international, mais aussi concernant les aides et l'assistance humanitaires directes aux populations qui sont dans le besoin. À la question sur l'enquêute journalistique réalisée tout récemment par une agence de presse américaine et les chiffres qu'elle a attribués à l'OIM, M. Reyntjens revient sur les déclarations du ministère de l'Intérieur qui parlent, non de l'abandon de 13 000 migrants dans le désert, mais plutôt de leur rapatriement organisé sur une période qui s'étale entre 8 et 9 mois : "Pour ma part, je suis très heureux d'avoir eu l'occasion de participer à ce voyage, qui aura duré 44 heures, du centre de Zéralda jusqu'au centre de Tamanrasset. Là je salue toutes les équipes de coordination, le Croissant-Rouge algérien, la Protection civile, le ministère de la Solidarité nationale, le ministère de l'Intérieur, le ministère des Affaires étrangères, le ministère des Transports et surtout les services des différentes wilayas, entre autres la grande wilaya du Sud, Tamanrasset." Le représentant de l'OIM a mis en avant "l'engagement de tous les volontaires qui font en sorte que ces opérations, qui ne sont pas faciles, faut-il le rappeler malgré tout, se passent dans les meilleures conditions possibles". Tout en louant les efforts de l'Algérie, le représentant du HCR, Hamdi Bukhari, a, de son côté, dressé un tableau reluisant sur la nature de la coopération et l'importance particulière accordée par notre pays au dossier des réfugiés. "Aujourd'hui, nous avons été témoins des dispositifs, des moyens mis en place et de cette prise en charge remarquable en termes d'appui et d'assistance à ce convoi. Il faut savoir que les opérations de rapatriement sont dispendieuses et coûteuses. Les efforts de l'Algérie sont plus que louables", a-t-il déclaré. Interrogé sur l'acharnement médiatique contre l'Algérie, M. Bukhari répond succinctement : "Les campagnes médiatiques nous importent peu, puisque nous traitons directement avec les instances gouvernementales et avec l'Etat algérien. Les rapports incriminant l'Algérie sur la question des migrants n'engagent que leurs rédacteurs. Nos remarques et nos propositions sont faites d'une manière directe aux autorités algériennes." RABAH KARÈCHE