L'Union européenne cède progressivement ses parts sur le marché méditerranéen de la viande bovine au profit des pays d'Amérique du Sud (Mercosur) et de l'Inde. "Le marché de la viande bovine en Méditerranée reste dominé par le Mercosur (60% des tonnages importés) et l'Inde (29%). L'UE occupe une place modeste (7%), mais croissante (+12% par rapport à 2016)", rapporte l'Institut de l'élevage français (Idele). Dans l'ensemble, la préférence des pays de la côte sud et orientale de la Méditerranée porte sur des produits bas de gamme, indique encore l'étude de cet institut. Les prix pratiqués par les fournisseurs restent, en effet, un facteur déterminant dans le choix des pays importateurs de la rive sud du bassin méditerranéen. Ces derniers s'intéressent beaucoup plus au tarif du kilogramme proposé et demeurent peu regardants sur la qualité. L'Idele cite l'exemple de l'Algérie qui, pour lui, est "édifiant", voire "un cas d'école". La moitié des 58 000 tonnes équivalents en carcasses (téc) de viande importées est indienne. Cette viande, affirme ce rapport, est de "très bas de gamme", cédée sous les 4 euros le kilogramme. L'autre moitié des quantités importées est de provenance sud-américaine notamment (Brésil, Paraguay, Argentine, Uruguay) et polonaise qualifiée de moyenne gamme. Mais les prix ont en moyenne progressé de 52% en dix ans, toutes origines et qualités confondues, relève encore l'institut. La France est quasi inexistante sur ces marchés, car la viande proposée est jugée, par le rapport, de "très bonne qualité et, par conséquent, trop onéreuse". La tonne de viande brésilienne coûte 200 euros de moins qu'en France, selon l'Institut de l'élevage. En prévision du mois de Ramadhan, le gouvernement a attribué 138 licences à des opérateurs pour importer 71 000 tonnes de viande rouge. L'Algérie avait prévu d'importer 50 000 tonnes de viande pour alimenter le marché durant le Ramadhan. Elles sont considérées comme des importations d'appoint étant donné que la production nationale ne peut pas satisfaire les besoins nationaux. Le taux d'autosuffisance en viande bovine sur le marché local est évalué à 55%. L'Algérie produit entre 15 000 et 25 000 tonnes de viande. Or, la consommation de cet aliment augmente surtout durant le mois sacré. Ce qui justifie l'octroi d'autorisations d'importation pour éviter la hausse des prix. En parlant de cheptel, notre pays compte seulement 2 millions de têtes de bovins et 25 millions de têtes d'ovins. Cette quantité est en deçà des besoins de la population dans un pays qui compte 40 millions d'habitants. S'agissant des pays de provenance de ces viandes rouges, les responsables en charge du dossier évoquent le Brésil, l'Inde, la France et l'Espagne. L'Algérie importait de l'Europe 11 000 tonnes de viande fraîche dont 2 000 à 3 000 tonnes provenaient de France. "Notre pays compte pour les trois quarts des envois de bovins vifs en Algérie. Mais il a vu ses exportations de broutards se réduire de 45% en 2017. Suite à des épisodes de fièvre aphteuse, l'Algérie a réduit ses achats d'animaux maigres français entre avril et septembre 2017, afin de limiter les mouvements d'animaux sur son territoire. Pour compenser cela, les achats de jeunes bovins finis sont passés de 800 têtes à 9 000 têtes", explique l'Institut de l'élevage. Par ailleurs, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelkader Bouazghi, a déclaré, récemment, que "l'Algérie n'importera pas de viandes rouges de France", faisant référence au programme de promotion de la viande bovine européenne lancé quelques semaines avant le Ramadhan, à Alger, par des opérateurs français dans le domaine. B. K.