Près d'un millier de jeunes promoteurs de microentreprises, créées dans le cadre des dispositifs Ansej, Cnac et Angem, ont battu le pavé, avant-hier jeudi, à Tizi Ouzou, à l'appel de leur collectif d'appui le Came, pour réclamer une amnistie générale au profit de ces petites entreprises embourbées dans de grosses difficultés financières. La foule, qui a commencé à se rassembler dès 8h devant l'entrée principale du campus Hasnaoua de l'université de Tizi Ouzou, a entamé sa marche à 9h30 aux cris de "Jugez la cocaïne", "Jugez Ouyahia", "Zemali dégage", "Nous sommes toujours des chômeurs". De nombreuses banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Les promoteurs Ansej, Cnac, et Angem refusent d'être les victimes d'une politique d'emploi qui a échoué", "Non à l'instrumentalisation de la justice", "Oui à l'amnistie générale"... ont été déployées lors de cette marche. La procession humaine a emprunté la route longeant le CHU de Tizi Ouzou, puis le boulevard Abane-Ramdane où une halte a été observée devant le siège de l'antenne régionale de l'Ansej avant de poursuivre son itinéraire vers le siège de la cité administrative de la wilaya. À travers cette énième action de protestation, ces promoteurs, qui disent "être pris au piège de la politique d'emploi mise en place par le gouvernement", réclament l'arrêt de toutes les poursuites judiciaires à leur encontre, la prise en charge du passif de ces microentreprises, la prorogation des délais de remboursement, la bonification des taux d'intérêt à 100% avec effet rétroactif, la suppression des pénalités de retard et l'instauration d'un régime fiscal et parafiscal propre à la microentreprise. Tout au long de la marche, les manifestants scandaient également des slogans en faveur de l'amélioration de l'environnement du travail des microentreprises à travers l'accès aux marchés publics, la régulation de la sous-traitance et également l'accès au foncier. À Bouira également, où plus de 200 jeunes promoteurs adhérents au Collectif d'appui la microentreprise (Came) ont manifesté, jeudi, devant le siège de l'agence locale Ansej pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis des "pressions" et "harcèlements" des autorités publiques, tout en réclamant une solution "définitive" à ce qu'ils qualifient de cauchemar. Cette action se veut également, selon Hamichi Djafar, coordinateur du Came de Bouira, comme une "réponse" à Mme Samira Djaïder, directrice générale de l'Ansej, qui avait estimé que les revendications de ce collectif étaient "irrationnelles". "Jusqu'à présent, les pouvoirs publics ne veulent pas nous reconnaître le statut de victimes, et nous le sommes réellement", soutiendra M. Hamichi, en expliquant : "Nous sommes victimes d'un projet mal élaboré, concocté uniquement pour acheter la paix sociale durant une période déterminée." "Désormais, nous sommes confrontés à la réalité et nous nous sommes rendu compte qu'on nous avait bernés dès le départ", a-t-il, en outre, affirmé. Les manifestants, tous de jeunes entrepreneurs ayant bénéficié des dispositifs Ansej, Angem ou Cnac, ont dénoncé la politique d'austérité mise en place par l'Etat, mais aussi "le harcèlement" dont ils se disent les victimes de ces mêmes organismes. S. LESLOUS /R. BOURAHLA