Au fil des jours, le centre hospitalo-universitaire (CHU) Khellil-Amrane de Béjaïa se vide d'un grand nombre de médecins spécialistes. En effet, au moment où le directeur général de cet établissement hospitalier ne lésine pas sur les efforts pour convaincre des praticiens de haut rang magistral, notamment des professeurs et maîtres assistants, à venir exercer leur métier au CHU de Béjaïa, on assiste parallèlement à des démissions en cascade de médecins spécialistes et non des moindres. C'est le cas, par exemple, de la professeure en cardiologie, Mme Zouzou, spécialiste en rythmologie interventionnelle, qui vient de rendre son tablier, après quelques mois de bons et loyaux services. Selon une source proche du CHU, cette dernière a réussi, en un temps record, à mettre en place des pacemakers (stimulateurs cardiaques) à pas moins d'une cinquantaine de patients de Béjaïa, mais aussi des wilayas avoisinantes. D'ailleurs, depuis son arrivée à Béjaïa, le CHU Khellil-Amrane a commencé à voir grand, puisque ses responsables ont beaucoup investi dans le domaine de la cardiologie. Ainsi, on a procédé à la création d'une nouvelle unité de cardiologie interventionnelle, mise en service le 5 juillet dernier. Toutefois, suite à la nomination par le ministère de la Santé d'une autre professeure en cardiologie, exerçant à Alger, en tant que chef de service de cardiologie au CHU de Béjaïa, Mme Zouzou qui convoitait ce poste de chef de service, a décidé de démissionner pour rejoindre le CHU de Batna. Au service de pédiatrie, cinq maîtres assistantes qui croisaient le fer avec leur chef de service depuis trois ans, ont fini, elles aussi, par jeter l'éponge. Cela intervient quelques mois seulement après la démission de cinq chirurgiens de santé publique qui étaient en conflit permanent avec leur chef de service qu'ils ont accusé de les avoir empêchés d'opérer et d'évoluer. Aux dernières nouvelles, le service d'ophtalmologie qui a déjà vu partir pas moins de huit médecins spécialistes, vient de fermer ses portes, en raison d'un manque flagrant de personnels médical et paramédical, ainsi que de moyens matériels. Situé dans l'enceinte de l'hôpital Frantz-Fanon de la haute ville, ce service est fermé depuis le dimanche 5 août dernier, alors que des centaines de patients souffrant de la cataracte se sont inscrits au programme opératoire de la même structure ophtalmologique. On croit savoir de source médicale, que le personnel paramédical exerçant dans ce service s'est vu affecté à d'autres services, notamment celui d'infectiologie, tandis que les quelques médecins restants, ont été mis en congé d'office. Quant aux malades qui devaient être pris en charge par ce service public, ils sont orientés vers le privé, affirme-t-on. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le service d'orthopédie-traumatologie qui connaît une intense activité en cette période estivale, en raison de la hausse du nombre d'accidents, demeure sans chef depuis le départ, il y a quelques années, de l'éminent professeur Kara, l'actuel chef de service orthopédie au CHU Mustapha-Pacha d'Alger. L'autre parent pauvre du CHU de Béjaïa, le service d'imagerie médicale qui, malgré l'existence d'équipements de pointe (IRM, scanner, échographe...), ne fonctionne qu'avec une seule radiologue venue de Tamanrasset, et dont la formation et la qualification ne lui permettent pas de faire la lecture d'un examen d'IRM. Ce qui contraint les praticiens de ce CHU à orienter, encore une fois, leurs patients chez des radiologues privés afin de faire la lecture de leurs examens contenus dans un CD. C'est dire finalement qu'outre le problème d'espace et de structures, le CHU de Béjaïa souffre d'un manque d'encadrement, notamment de médecins spécialistes et de paramédicaux. KAMAL OUHNIA