Si le limogeage de Habib Chentouf était déjà dans l'air, la mise à l'écart du général-major Saïd Bey est une véritable surprise. Après les chefs de la police et de la gendarmerie, voici venu le temps des chefs de régions militaires. La présidence de la République met fin, en pleines vacances d'été, aux fonctions de deux des principaux chefs des régions militaires du pays. Le général-major, Habib Chentouf, chef de la première Région militaire (Blida), et son homologue Saïd Bey, chef de la deuxième Région militaire (Oran), ont été relevés de leurs fonctions, hier, vendredi. Selon des informations concordantes, le général-major Ali Sidane, qui était jusque-là directeur de l'Académie interarmes de Cherchell, a été désigné comme nouveau commandant de la première Région militaire. Le général-major Souab Meftah, qui occupait le poste de commandant de la 6e Région militaire (Tamanrasset), a été nommé chef de la deuxième Région militaire. Le successeur de ce dernier n'est pas encore annoncé. Depuis de longues semaines, la mise à l'écart de Habib Chentouf était dans l'air. Le tout-puissant chef de la première Région militaire — qui englobe les wilayas du centre du pays, y compris Alger — était cité comme étant impliqué, même de manière indirecte, dans le scandale de l'importation de 701 kg de cocaïne. La rumeur publique a avancé que le fils du général était cité dans l'affaire dite "Le boucher" dont il serait proche. Un fait que Nidhal Chentouf dément. Dans une sortie publique inédite, le fils du général Chentouf indique qu'il n'a "rien à voir" avec Kamel Chikhi. Dans une déclaration au site AlgeriePart, Nidhal Chentouf reconnaît détenir une société de commercialisation de matériaux de construction. Mais "je n'ai jamais fui le pays et je n'ai jamais été convoqué par les enquêteurs qui travaillent sur le scandale de Kamel Le boucher. Je n'ai, d'ailleurs, jamais croisé ce monsieur de ma vie ! Toutes ces rumeurs malsaines sont infondées", a-t-il insisté, tout en indiquant avoir décidé de rompre le silence maintenant que son père n'est plus en poste. Entre Gaïd-Salah et Habib Chentouf, le courant ne passait plus depuis plusieurs années. L'enfant de Mascara était souvent cité comme possible remplaçant du fils de Batna comme chef d'état-major de l'ANP. Le vice-ministre de la Défense a-t-il donc pris sa revanche sur un de ses rivaux ? Difficile de répondre à la question, surtout que le général Chentouf était malade depuis un certain temps déjà, indiquent différentes sources. Si le limogeage de Habib Chentouf était attendu, la mise à l'écart du général-major Saïd Bey — le plus jeune des 6 chefs de régions militaires — est une véritable surprise. Le fils de Draâ Ben-Khedda a reçu, à plusieurs reprises, la visite de Gaïd-Salah au cours de ces derniers mois, assure-t-on. Ce qui était plutôt perçu comme un gage de confiance, surtout que ce sont les hommes de la deuxième Région militaire qui ont arraisonné le bateau qui transportait les 701 kg de cocaïne en haute mer, à l'approche du port d'Oran. Des sources indiquent toutefois que Saïd Bey n'est pas forcément fini. Le général pourrait être nommé à d'autres fonctions, laisse-t-on supposer. On évoque son nom comme possible successeur du général Benali Benali à la tête de la direction de la sécurité intérieure. Un poste que pourrait également occuper le général Menad Nouba. Ces changements sont intervenus après les grands remaniements intervenus au mois de juillet dernier à des postes sensibles du ministère de la Défense nationale. Deux directeurs centraux, celui des finances et des personnels, ont été remerciés en juillet dernier, soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire "Le boucher". Le commandant de la Gendarmerie nationale a également été remplacé. Ali Boukhlef