Lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier au Centre international de presse, le président du MSP, Abou Djerra Soltani, se lançait dans des réponses sibyllines à chaque fois que des questions gênantes lui sont posées. Ainsi, il a carrément refusé de dire qu'elles sont ses fonctions au sein du gouvernement où il occupe le poste de ministre d'Etat sans aucune prérogative particulière. “Vous connaîtrez mes missions au sein de l'Exécutif quand je commencerai le travail sur le terrain”. Quelque peu irrité par l'insistance des journalistes, il a déclaré sèchement que “seul le président de la République a le droit de s'enquérir de mes fonctions au gouvernement”. Ecartant l'option de la confidentialité des responsabilités confiées au premier responsable du Mouvement de la société pour la paix, il devenait clair que ce dernier a accepté le poste dans l'objectif d'être mis à la hauteur des présidents des deux autres partis de l'alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem en l'occurrence. Une ambition qui aurait pu coûter à son parti une crise sérieuse. Au lendemain du remaniement ministériel, des figures de proue du MSP ont contesté vigoureusement l'intégration de leur président dans l'équipe d'Ahmed Ouyahia sans prendre la peine de consulter au préalable les instances élues du parti. Abou Djerra Soltani est parvenu, en fin de parcours, à retourner la situation en sa faveur en décrochant le précieux appui du conseil consultatif, à l'issue d'une session extraordinaire tenue le week-end dernier. Il a même gagné au-delà de ses espérances, puisque ses détracteurs sont passibles de sanctions disciplinaires. “Je ne ferai qu'exécuter les résolutions du madjliss echoura, lequel reproche à certains cadres d'avoir porté atteinte à la discipline partisane”, s'est défendu le numéro un du MSP. Sans attendre le verdict de la commission de discipline, le président du parti a évincé certains membres du bureau politique, dont Ahmed Dane. “Nous avions l'intention d'opérer des changements dans les structures depuis un certain temps. Nous avons temporisé pour permettre aux cadres, éligibles au départ, de finaliser les dossiers en instance”, a expliqué le conférencier. La coïncidence est toutefois assez flagrante : tous les partants se recrutent dans le camp de ses opposants. Abou Djerra Soltani a affirmé, par ailleurs, que son parti ne renonce pas à ses revendications portant sur la levée de l'état d'urgence et la réinstauration du bac islamique. “Notre présence au gouvernement ne nous empêchera pas de défendre nos principes et nos revendications”, a-t-il asséné en direction des journalistes qui ont assimilé les surenchères du parti sur certains dossiers à des entourloupes destinées à préserver l'adhésion de la base. S. H.