Même si elle s'effectuera en douceur, la transition intéresse doublement l'Occident en raison des richesses pétrolifères des wahhabites et des options stratégiques du successeur de Fahd. L'hospitalisation du souverain saoudien a suscité de nombreuses inquiétudes dans la péninsule arabique et ailleurs parce qu'elle ne laisse aucun doute sur la gravité de son état de santé, bien que les autorités de Riyad tentent de rassurer par des communiqués laconiques. Le déplacement de Fahd Ibn Abdelaziz à l'hôpital, alors qu'il dispose dans son palais royal d'une unité de soins intensifs, est la meilleure preuve du sérieux de son cas. Pis, certains cercles n'hésitent pas à avancer que l'hospitalisation prépare l'annonce officielle de sa mort, qui devrait intervenir lors des prochains jours. Octogénaire, l'homme qui règne sur le trône d'Arabie, depuis 1982, est réputé pour sa santé chancelante depuis plus d'une décennie maintenant. Le fait que le cabinet royal, ou le ministre, n'ont pas donné de détails sur la nature de la maladie du roi ou des examens médicaux faits ou à faire ajoute au mystère quant à son état de santé réel. D'ailleurs, c'est la première fois que les autorités saoudiennes évoquent les résultats des examens médicaux. Cette nouvelle dégradation de l'état de santé du souverain a débuté, il y a environ une semaine, par une grippe très sévère qui, compte-tenu de son âge et de sa faiblesse, s'était aggravée. Nombreux sont les séjours dans des cliniques étrangères, notamment suisses, pour des cures de santé de longue durée. L'attaque cérébrale dont il a été victime en 1995 a sérieusement affecté ses capacités à gérer le royaume. Depuis, c'est son frère et prince héritier Abdallah II qui dirige le royaume. Ainsi, la succession semble déjà faite, d'où le peu de risques de voir le royaume ébranlé par la disparition de Fahd. En dépit de cela, l'annonce de la détérioration de l'état de santé du roi a été à l'origine d'une augmentation sensible du prix du pétrole, cinq dollars US par baril. Une chose est sûre, la disparition de Fahd perturbera les marchés pétroliers mondiaux. Cet effet s'explique, selon les observateurs, par les légères modifications qui pourraient survenir dans la politique extérieure saoudienne, parce que le prince héritier n'épouse pas entièrement les positions du souverain actuel. Abdallah II fait preuve de davantage de retenue que le roi dans les relations de l'Arabie Saoudite avec les Etats-Unis. Les Américains redoutent que le futur maître de Riyad ne soit pas aussi malléable que son prédécesseur, qui n'a jamais dit non à Washington. Le prince régent est réputé pour être un conservateur invétéré, d'où les éventuelles difficultés de poursuivre l'opération de démocratisation du royaume. En attendant, la famille royale s'attelle à préserver le calme en Arabie Saoudite afin que la transition se fasse en douceur. K. ABDELKAMEL