"Cette interdiction ne relève pas de la censure. Nous avons seulement donné un avis défavorable, car ces images portent atteinte aux symboles de l'Etat", a justifié le président de la commission. Dans l'optique d'avoir plus de détails sur la commission de visionnage, son président Mourad Chouihi, directeur général du CNCA (Centre national de l'audiovisuel et du cinéma), nous a éclairé sur les raisons de validation ou de refus de visa culturel (projections dans les évènements cinématographiques) et de visa d'exploitation (projection pour raison commerciale). Notre interlocuteur a, de prime abord, insisté sur le fait que le règlement est "disponible au Journal officiel. Le décret 13-277 publié le 4 août 2013 fixe la composition et les missions de cette commission, qui est composée de sept personnalités, notamment des professionnels du cinéma et des experts, nommées par arrêté ministériel". D'ailleurs, les membres sont les journalistes Salim Aggar et Nabil Hadji, il y a aussi Lamine Merbah, Lyès Semiane, Najat Taibouni et Bentir. À l'issue de la projection, le comité "délibère" et "débat" en toute "transparence" du film. "Pour l'octroi du visa, nous nous référons à la loi, notamment à l'article 6, où il est question d'offense aux religions, à l'histoire de la guerre de Libération nationale, d'incitation à la haine et à la violence et d'atteinte aux symboles de l'Etat", a-t-il souligné. Et de renchérir : "Parfois, nous fermons les yeux sur quelques passages mais quand c'est flagrant, nous ne pouvons autoriser la projection du film." Concernant la récente interdiction de Fragments de rêves de Bahia Bencheikh El-Fegoun aux RCB, M. Chouihi a expliqué que "sur les 30 œuvres, seul un seul film a été refusé à l'unanimité", car la réalisatrice a utilisé "des vidéos de Youtube dans lesquelles les protagonistes insultent le pouvoir et brûlent une carte électorale. Ces scènes, même si elles sont disponibles sur le Net, nous ne pouvons les accepter et les diffuser dans une salle de cinéma étatique !" Pour notre interlocuteur, cette interdiction ne "relève pas de la censure ! Nous avons seulement donné un avis défavorable, car ces images portent atteinte aux symboles de l'Etat". Tout en poursuivant : "On peut réaliser des films sur la situation politique d'un pays, sans avoir recours aux insultes." Sur les films visionnés en 2017, selon M. Chouihi, la commission a reçu au total 188 œuvres, dont 147 longs métrages et 41 courts métrages et documentaires. En 2018, ils ont eu à visionner 136 films ayant eu un visa "mis à part un seul film : Fragments de rêves". Et de justifier cette décision en disant : "La commission de visionnage existe partout, même dans les pays démocratiques." Cette commission de visionnage qui fait parler d'elle depuis quelques jours, selon son président, "ne fait que respecter la loi, sans distinction aucune entre les films". H. M.