La commission de visionnage des films cinématographiques a émis un «avis défavorable» au documentaire «Fragments de rêves» de Bahia Bencheikh El Fegoun, car son contenu «fait la promotion de certains activistes sur Internet, condamnés par la justice», a indiqué, dimanche, un communiqué de cette instance qui dépend du ministère de la Culture. La commission, présidée par Mourad Chouihi, également président du Centre nationale du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA), a émis un «avis défavorable pour le film Fragments de rêves, programmé mais non projeté aux 16es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB) en raison de son contenu contraire au décret exécutif 13-277 du 29 juillet 2013, fixant la composition, les missions et le fonctionnement de la Commission de visionnage des films», a détaillé la Commission qui a visionné «30» films qui lui sont remis par les organisateurs. L'article 6 du décret stipule que «les films cinématographiques qui portent atteinte aux religions, à la guerre de libération nationale, ses symboles et son histoire, qui glorifient le colonialisme, qui incitent à la haine, à la violence et au racisme et qui portent atteinte à l'ordre public ou à l'unité nationale et aux bonnes mœurs» ne peuvent obtenir un avis favorable de la commission, rappelle-t-on. En marge d'une cérémonie en hommage à Mahmoud Derouiche au Palais de la culture à Alger, le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, a indiqué que cette question était «purement professionnelle et non une censure». «La commission a pris cette décision en toute conscience et responsabilité et nous devons respecter les lois. Il ne s'agit pas là d'une censure, d'autant que chaque pays dispose d'une commission de visionnage», a estimé le ministre de la Culture. «Nous soutenons la libre créativité mais certaines questions exigent qu'on les traite en toute conscience», a-t-il dit. Ce film documentaire a eu recours à plusieurs déclarations et vidéos publiées sur You Tube, a-t-il indiqué, précisant que «Fragments de rêves» porte sur la protestation et le sentiment de mécontentement en Algérie et dans d'autres pays. Ainsi, la commission de visionnage n'a pas délivré de visa pour la projection de ce film. La commission visionne tout au long de l'année les films devant être projetés et émet des observations, a expliqué le ministre, ajoutant que les commissions de visionnage existent dans tous les pays même les grandes démocraties. Concernant la décision des organisateurs des Rencontres cinématographiques de Béjaïa d'arrêter cette manifestation, M. Mihoubi a déclaré «au contraire, nous appelons les organisateurs à poursuivre leur action, sans oublier qu'il y a des lois que nous devons respecter», soulignant que la projection de films algériens dans d'autres pays obéit également à des règles. Les organisateurs des 16es RCB avaient annoncé, jeudi, l'arrêt de cette manifestation cinématographique annuelle pour protester contre «l'interdiction» de la projection du film par la commission de visionnage. D'une durée de 75 mn, le film passe en revue l'action du mouvement associatif et de la société civile. Une vingtaine de films (courts et longs métrages) étaient au programme de l'édition 2018 des RCB (1er- 6 septembre), un rendez-vous cinématographique annuel organisé depuis 2003 par l'association Project'heurts.