Une semaine exactement après avoir reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la disparition et l'assassinat de Maurice Audin, le président français, Emmanuel Macron, s'est tourné vers les harkis en décidant de promouvoir une vingtaine d'entre eux dans l'ordre de la Légion d'honneur. Ces promotions rendues publiques hier au Journal officiel interviennent à quelques jours de la célébration dans l'Hexagone de la journée nationale d'hommage aux harkis instituée, en 2003, sous la présidence de Jacques Chirac. Parmi les promus figurent les présidents de trois associations de harkis. Ces organisations, qui ont soutenu Macron pendant sa course au palais de l'Elysée, sont régulièrement montées au créneau depuis pour demander au chef de l'Etat français de reconnaître les préjudices qu'ils estiment avoir subi à la fin de la guerre d'Algérie et de les réparer. En août dernier, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, a révélé qu'un rapport, préconisant une série de mesures en faveur des harkis, lui a été remis par un groupe de travail initié par Macron en janvier, pour évaluer les dispositifs de reconnaissance et de réparation mis en œuvre en faveur des harkis. Le rapport préconise une série de mesures, dont le vote d'une résolution parlementaire reconnaissant le sort des harkis après la guerre d'Algérie, et la mise en place d'un fonds d'indemnisation de 40 millions d'euros, un montant jugé dérisoire par les représentants des harkis. De même, les décorations qui viennent d'être décidées ne les satisfont pas. "Nous méritons plus qu'une Légion d'honneur. Nous méritons le pardon de la nation", a réagi, hier, Bouaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis. Cette organisation a, d'ailleurs, menacé de porter l'affaire des harkis devant les tribunaux internationaux, estimant que la France a volontairement abandonné les harkis en Algérie en 1962. Les harkis reprochent aussi à l'Etat français de ne pas suffisamment plaider leur cause auprès du gouvernement algérien, et notamment leur droit au retour en Algérie. Une polémique a, d'ailleurs, enflé cet été à ce sujet. Une information infondée a fait état de négociations en cours entre Paris et Alger sur le sort des harkis. L'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et le ministre des Moudjahidine ont vivement réagi. Tayeb Zitouni a affirmé que le dossier des harkis "ne concerne en aucun cas l'Algérie, du moment que ces derniers ont choisi la France". Il a aussi déclaré que leur retour est "indiscutable". "Le sort des harkis a été déjà tranché par l'histoire. Ces derniers ont choisi leur camp et les personnes ayant trahi leur pays et leurs frères n'ont aucune place sur notre sol", a encore fait savoir Zitouni.