Postés avec des chiens devant le portail principal de l'usine, les agents de scurité ont filtré l'entrée du personnel, allant jusqu'à refouler les représentants syndicaux. Le mouvement de protestation enclenché par les travailleurs de la société de maintenance et des travaux industriels Somind de Annaba en début de semaine écoulée est en train de dégénérer, le PDG de cette entreprise ayant décidé, jeudi, de recourir aux services d'une société privée de gardiennage pour interdire l'accès du site aux grévistes. Postés avec des chiens devant le portail principal de l'usine, les agents de la SGS ont systématiquement filtré les entrées du personnel, allant jusqu'à refouler les représentants syndicaux des salariés de Somind, sur ordre de l'employeur, se plaignent ces derniers. Pour rappel, la centaine de travailleurs de la société de maintenance et des travaux industriels Somind de Annaba, qui participe à cette grève, avait décidé, mardi, de dénoncer la gestion du directeur général de leur entreprise l'accusant de gaspillage de deniers publics et de conclusion de transactions commerciales contraires aux procédures en vigueur. Après avoir observé un sit-in de deux jours à l'intérieur de l'usine, les travailleurs ont signé une pétition par laquelle ils demandent le départ de ce responsable tout en chargeant la section syndicale de déposer plainte contre lui auprès du tribunal d'El Hadjar, territorialement compétent. Selon les documents, qui accompagnent la pétition signée par les salariés de Somind, le directeur décrié aurait passé des commandes auprès d'un fournisseur pour l'acquisition d'une grande quantité de vis à tôle, autrement appelé cavaliers pour TN 40. Une transaction douteuse de l'avis des protestataires, qui a été effectuée en plusieurs lots durant l'exercice 2013 en entérinant une surestimation inacceptable de la valeur du prix unitaire, qui a été de 5 à 7 fois supérieure à celle du marché au cours de cette période. Ce prix devait être compris entre 10 et 12 dinars, est passé de 65 et 85 DA dans les bons de commande de deux fournisseurs seulement pour porter le prix total à 1,4 milliard de dinars, est-il expliqué dans la pétition, "dont nous détenons une copie" et qui parle aussi de non-respect des dispositions du code de marché public. Zemari Riad, le secrétaire général du syndicat de Somind explique que les trois commissions (commission d'ouverture des plis, commission d'évaluation des prix et Commission technique des marchés) ont été volontairement et intentionnellement contournées pour passer ces commandes pléthoriques de pièces. "La société n'avait pas besoin de l'énorme quantité acquise et la preuve qu'elle est toujours en stock positif dans les magasins de l'entreprise jusqu' à présent, car ce type de boulons ne correspond plus aux exigences du marché actuel", s'insurge le représentant des travailleurs. Et d'ajouter que le directeur général a cédé à l'un des fournisseurs des tonnes de ferraille usée et 200 quintaux de fer utilisable, dans le cadre d'une opération de déclassement, qui aurait été initiée sous prétexte de nettoyage de l'environnement du site et cela sans passer par une commission qui devait être créée pour une telle opération. Il n'a pas été possible de vérifier ces assertions, le premier responsable de Somind étant resté injoignable, avant-hier et hier. A. Allia