Pour cette onzième édition, les organisateurs ont honoré trois personnalités aux parcours différents mais atypiques, à savoir les chanteurs Slimane Azem et Nouara ainsi que le défenseur des droits de l'homme, Me Ali Yahia Abdennour. La bibliothèque communale de Draâ El-Mizan a abrité hier la cérémonie de remise du prix "Matoub Lounès, contre l'oubli", initiée par l'association culturelle Amgud de Draâ El-Mizan, en collaboration avec la fondation Matoub-Lounès. Pour cette onzième édition, les organisateurs ont retenu trois personnalités exceptionnelles, à savoir le chanteur Slimane Azem, à l'occasion de la célébration du centenaire de sa naissance (1918-1983), la diva de la chanson kabyle Nouara et Me Ali Yahia Abdennour, infatigable défenseur des droits de l'homme et écrivain. À cette occasion, plusieurs personnalités étaient présentes, notamment des proches de Lounès Matoub, des journalistes, des artistes, des hommes de culture et des militants de la cause amazighe. Dans sa conférence, Amar Derriche, ex-animateur de la radio Chaîne 2, a brossé le portrait avec force détails de chacune de ces icônes choisies pour ce prix. Concernant le regretté Slimane Azem, le conférencier l'a qualifié de sommité et de grand penseur malgré son niveau scolaire. Et de poursuivre que Azem a ouvert la voie à la chanson kabyle dominée à l'époque par d'autres styles musicaux. Il décortiquera la plupart de ses chansons en expliquant que Dda Slimane avait touché à tous les thèmes. "C'était un grand patriote. Il aimait beaucoup son pays auquel il consacra de nombreuses chansons, contrairement à ce que voulurent lui coller certains", a-t-il affirmé devant l'assistance. Au sujet de Nouara, il a précisé qu'elle a "révolutionné" la chanson féminine, alors qu'à l'époque les chanteuses d'expression kabyle n'étaient pas nombreuses. Tout en relevant que Chérif Kheddam l'avait énormément aidée dans sa carrière d'artiste. Au sujet de Me Ali Yahia Abdennour, le conférencier a insisté sur le fait que "c'est un infatigable militant pour un Etat de droit. À l'âge de 98 ans, il continue encore à éclairer l'opinion par ses analyses pertinentes sur la vie politique du pays". De leur côté, les représentants de la fondation Lounès-Matoub ont salué les efforts de l'association Amgud pour avoir maintenu l'attribution de ce prix en dépit des moments difficiles que traverse le pays en matière de restriction des libertés individuelles et d'expression. Au terme de ces interventions ô combien importantes, le prix a été décerné aux représentants de Ali Yahia Abdennour et de Nouara tandis que pour Dda Slimane, ce fut son neveu, Hocine Azem, qui le reçut en remerciant au passage cette reconnaissance pour l'immortel Slimane Azem. "Nous remercions tous ceux qui ont répondu à notre appel. Et nous promettons que ce prix sera maintenu, car Matoub Lounès est un repère identitaire qu'on ne pourra jamais oublier. Je vous donne rendez-vous pour la 12e édition qui aura lieu en juin 2019", conclura Karim Larbi, en sa qualité de président d'Amgud. O. Ghilès