Les crises au sein des partis algériens se suivent, mais ne se ressemblent pas. Si au sein du plus vieux parti algérien, le FLN, un bras de fer oppose le président de l'APN, militant du parti et ancien moudjahid, à cinq groupes parlementaires emmenés par le parti de Djamel Ould-Abbès, au sein du plus vieux parti d'opposition, c'est également les prémisses d'une crise profonde qui se dessinent, après l'exclusion de la journaliste et ex-conseillère d'Aït Ahmed, la députée d'Alger Salima Ghezali et la démission annoncée du président de la Commission de discipline. L'annonce a été rendue publique, hier, par l'intéressée, qui a indiqué que la décision de son exclusion du parti a été prise par une commission de discipline, qui lui aurait reproché d'avoir écrit une « lettre » au général de corps d'armée et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah. « C'est une exclusion du parti pour avoir écrit un article, sans demander, leur aval, paraît-il », a-t-elle déclaré au journal électronique «Tout sur l'Algérie.» En effet, cette militante du FFS avait écrit, le 13 août dernier, en tant que journaliste, une tribune dans le même site électronique sous le titre « Réponse au général de corps d'armée Ahmed Gaid Salah », où elle lui reproche de « défendre un système autoritaire et corrompu, qui s'acharne à désorienter la société, à détruire le politique et à coloniser le militaire. » Elle a indiqué qu' « ils m'ont sanctionnée parce que j'ai utilisé, comme toujours, comme depuis que j'ai appris à parler, ma liberté d'expression pour défendre un principe théoriquement sacré au FFS qui est la primauté du politique sur le militaire, et autre, la plate-forme de la Soummam. » Le Premier secrétaire du parti, Mohamed Hadj Djilani, n'a pas commenté la décision, se bornant à indiquer que « je n'ai rien reçu pour le moment. On attend de voir le PV de la commission. Il s'agit d'une question interne au parti. » Selon Jugurtha Abbou, secrétaire national à la Communication du FFS, la réunion de la Commission nationale de médiation et de règlement des conflits s'est bien réunie, samedi 13 octobre 2018, pour « étudier le cas Salima Ghezali ». Il a ajouté que « Salima Ghezali a été auditionnée, le samedi 6 octobre. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas encore reçu le PV de la commission. Nous ne pouvons avoir de l'information qu'après avoir reçu ce PV. Le parti est régi par des statuts et par des textes imposables et opposables, à tous les militants quel que soit leur degré de responsabilité. Chaque militant qui enfreint ces règles est passable devant la Commission de médiation », a-t-il expliqué, cité par TSA. Selon certaines sources, la députée Salima Ghezali aurait été «exclue», alors que la Commission nationale de médiation et de règlement des conflits aurait, également, suspendu pour six mois le député de Béjaïa Chafaa Bouaïche. La députée du FFS aurait été évincée du parti, non pas à cause de sa « lettre », à Gaid Salah, mais parce qu'elle représente une concurrente potentielle pour la direction du parti. Elle aurait été victime, selon des sources proches du parti, d'un jeu de coulisses mené par deux membres de l'instance présidentielle, car « l'argument de sa radiation, un article interpellant le chef d'état-major de l'ANP, est un prétexte grossier ». Ces décisions, sont encore suspendues à l'aval du président de la Commission de discipline, Ahmed Sili. Problème: celui-ci a refusé de valider ces sanctions, en présentant sa démission, car il aurait fait face à de fortes pressions au sein d'une commission composée d'adversaires de la députée Ghezali. La démission du président de la Commission de discipline complique, encore, plus la situation au sein du FFS, les statuts du parti stipulant que les sanctions doivent être notifiées sous huitaine par le président lui-même. En attendant, le président de la Commission de discipline doit s'expliquer devant le Conseil national dont la réunion est prévue le 19 octobre 2018.