Le SG du FLN a clairement évoqué le début d'une précampagne pour les législatives de 2007. Abdelaziz Belkhadem a dénoncé la campagne ciblant les élus locaux du FLN. Lors d'une rencontre des élus de son parti des wilayas du Centre (Alger, Tipasa, Boumerdès, Aïn Defla, Médéa, Blida, Illizi, Tamanrasset, Djelfa), organisée, jeudi dernier, au Complexe des matériaux de construction de Zéralda, le SG du FLN et néanmoins ministre d'Etat, représentant personnel du Président, a estimé que la campagne de retrait de confiance aux élus désignée sous l'appellation d'“opération mains propres” intervenant à deux ans de l'expiration de leur mandat n'est en fait qu'“une campagne électorale anticipée pour les élections (législatives et locales) de 2007”. “Il y a des manœuvres internes et externes faites sous le couvert de l'intérêt public, mais dont l'objectif est de salir l'image des élus et de ternir leur réputation auprès des citoyens qui ont voté pour eux”, affirme-t-il. “Ce ne sont pas les élus qui sont ciblés par cette campagne, mais le FLN en tant que formation détenant la majorité auquel on s'attaque”, a précisé l'orateur. Il a affirmé que “cette campagne ne nous atteindra pas, qu'elle émane de formations politiques ou d'autres parties”. Par formations politiques, l'allusion était claire. Elle visait le RND du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. C'est d'ailleurs ce qu'ont confirmé les élus rencontrés sur place en expliquant que “le RND veut déstabiliser le FLN à l'approche des élections de 2007 pour lui ravir le statut de parti de la majorité”. Belkhadem a critiqué Ouyahia en lui rappelant son engagement dans le cadre de l'alliance présidentielle : “L'alliance présidentielle oui, la mise sur pied de structures communes dans ce cadre oui, concrétiser à travers cette alliance le programme du Président oui, faire de la concurrence pour gagner la confiance du peuple oui, mais l'utilisation des troupes, d'intermédiaires et de moyens illégaux pour salir les élus du FLN, non ! Cela n'est nullement acceptable”, a martelé Belkhadem sous un tonnerre d'applaudissements. “Nous n'avons pas peur de la compétition électorale à condition que les postes de responsabilité ne soient pas utilisés contre le FLN”, tient-il à préciser avant de souligner : “J'espère que mon message est clair !” Se disant déterminé à ne pas céder devant le fait accompli, l'orateur indiquera qu'“au FLN, nous allons faire face à ces attaques parce que nous sommes dans la pluralité”. Evoquant les affaires de malversations, Belkhadem a expliqué l'opposition de son parti à ce genre de pratiques. Il a précisé : “Nous ne sommes pas pour cette opération mains propres, mais bien pour l'application de la loi.” L'application de la loi dont il parle vaut pour le retrait de confiance aux élus qui est une des attributions du parti. “Aucune autre partie n'a le droit de statuer sur le retrait de confiance à un élu en dehors du FLN”, dira-t-il tout en expliquant que cette décision interviendra après “une enquête”. La demande de retrait de confiance, expliquera-t-il, “lorsqu'elle est fondée sera réalisée, et dans le cas où elle ne l'est pas, elle exposera son auteur à des sanctions”. Citant le cas des élus FLN qui ont contracté des alliances avec des partis “concurrents” pour provoquer le retrait de confiance à des élus du parti, Belkhadem leur promet des sanctions allant “jusqu'à l'exclusion”. Au chapitre des prérogatives des élus locaux, le patron du FLN a abondé dans le même sens des rapporteurs des neuf wilayas du Centre ayant pris part à la rencontre, à savoir l'exigence de “l'élargissement des prérogatives” en faveur des élus locaux. “Veut-on rendre la souveraineté au peuple ?” s'est interrogé le chef de file du FLN. Il a répondu que “si nous voulons consacrer la souveraineté populaire, nous devrons rendre la considération aux élus qui sont les représentants du peuple et qui bénéficient de sa confiance”. Aux yeux du leader du parti de la majorité, le futur code communal et de wilaya devrait “clarifier les relations entre l'élu, la tutelle, l'administration et l'instance exécutive”. “L'élu est un partenaire et non pas un fonctionnaire auprès du chef de daïra ou du wali”, relève-t-il encore. Appelant les élus du FLN à présenter des propositions dans le cadre du futur code communal et de wilaya (la fiscalité locale, les prérogatives, les délibérations des AG…), l'intervenant a promis de saisir le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni s'agissant des projets de développement local. Au plan organique, l'intervenant annoncera la date du 31 juillet comme dernier délai pour le renouvellement des structures du parti (kasmate et mouhafadhate). Vers la fin de l'année, il sera question de la préparation des élections locales et législatives de 2007, a-t-il dit. Au chapitre de la réconciliation nationale, Belkhadem n'a pas non plus manqué de cibler Ouyahia. “Nous ne sommes pas montés dans le train de la réconciliation nationale, alors qu'il était en marche”, dit-il. “C'est nous qui avions fait marcher ce train et qui parlions de réconciliation alors qu'elle était un sujet tabou !” Refusant toute “exclusion et marginalisation” dans le cadre de ce projet, Belkhadem fera remarquer que “cela ne veut pas dire que nous allons pardonner”. “Un criminel restera un criminel”, lance-t-il. Nadia MELLAL