Abdelaziz Belkhadem redouble d'offensive contre l'opération « mains propres » lancée ces dernières semaines par le gouvernement. « Nous sommes pour l'intégrité irréprochable de nos cadres. Mais nous refusons qu'il y ait campagne « mains propres ». Et nous disons non à la chasse aux sorcières. Il y a la loi. Il faut l'appliquer, c'est tout », a-t-il déclaré hier. Le secrétaire général du FLN, ayant réuni, dans l'après-midi, au siège national du parti à Alger, les encadreurs des 48 wilayas chargés de veiller au renouvellement des instances de base, a précisé qu'il ne visait personne à travers ses propos. Mais pour lui, si l'on veut réellement « vivre dans la sérénité et assurer l'intégrité des hommes, il faut actionner tous les organes de contrôle de l'Etat ». La remarque n'est pas innocente. Car le blocage de certaines institutions de l'Etat, ayant pour mission de veiller justement sur l'intégrité des cadres du pays et la gestion des deniers publics, telle la Cour des comptes, est du commun des mortels. Belkhadem a également rebondi sur l'autre « campagne », celle du retrait de confiance aux élus du parti. « Personne n'a le droit de retirer la confiance à un élu, sauf son parti. Nous sommes ainsi solidaires avec tous nos élus qui ont été victimes de ces manœuvres venant soit de partis politiques soit d'autres parties », a-t-il insisté. Le SG de l'ex-parti unique a, en outre, souligné la nécessité de rester « vigilant » pour faire échouer le « complot » fomenté contre « les élus FLN » et, par ricochet, contre « le parti ». « Pendant la crise qui a secoué le parti, nos élus se sentaient dénués de la protection de leur parti et, donc, exposés à toute sorte d'attaque. Aujourd'hui, ils se retrouvent sans prérogatives, alors que les Assemblées locales constituent une partie du pouvoir », a-t-il dénoncé. Le chef en second du vieux parti, également ministre d'Etat et représentant personnel de Abdelaziz Bouteflika, président aussi du FLN, s'est demandé « que veut-on de ces Assemblées locales si elles n'ont pas le droit d'agir sur leur programme et si on ne leur donne pas assez de prérogatives et de moyens pour les mettre en œuvre ? », tout en appelant les élus à rester « fidèles au programme du parti » et garder « leurs mains propres ». Tout en insistant sur les pressions que subissent les élus du FLN et les « tentatives répétées pour les ternir de telle sorte que le citoyen ne va pas leur renouveler sa confiance », Belkhadem a menacé d'utiliser la majorité parlementaire dont dispose son parti pour bloquer le projet de codes communal et de wilaya qui va « contre la volonté des élus FLN », qui exigent l'élargissement de leurs prérogatives à même de constituer un « partenaire » de l'administration et non pas « son agent ». Le chef en second du vieux parti a considéré que le parti entre dans une étape « déterminante » de son avenir, celle de renouveler les instances de base. Ainsi, il a fait savoir aux encadreurs chargés du suivi de cette opération que « la mission pour laquelle ils ont été désignés est à la fois sensible et dangereuse ». Sensible parce que, expliquera-t-il, elle concerne « l'être humain qui n'est pas exempt de défauts ». Dangereuse parce qu'elle « touche aux fondements du parti, à savoir les kasmas et les mouhafadhas qui sont le noyau de la vie du parti ». « Nous pouvons corriger les erreurs commises au niveau du conseil national ou de l'instance exécutive, mais si le parti est touché dans sa base, c'est fini. Alors, soyez vigilants et ciblez les compétences et les hommes fidèles et honnêtes », a-t-il conseillé. S'installant dans la précampagne électorale, Belkhadem a annoncé que le FLN entamera sa campagne électorale effective pour les élections locales de 2007 en fin d'année. « Nous devrons mettre en œuvre tous les moyens pour cela ». Etant ministre des Affaires étrangères jusqu'au dernier remaniement partiel du gouvernement, opéré le 1er mai dernier, Belkhadem a jugé utile de (re)dénoncer l'adoption, le 23 février 2005, par le Parlement français, d'une loi qui institue « l'effet positif de la colonisation française » au point qu'on enjoint, dans un article de cette loi, aux professeurs français d'histoire de montrer à leurs élèves ces « effets positifs ».