La décision américaine de rétablir un embargo pétrolier sur l'Iran à partir du 4 novembre va peser sur un volume potentiel de 2,7 millions de barils/jour, note l'Ifpen. Les perspectives d'évolution des cours du pétrole restent très incertaines, note IFP Energies nouvelles (Ifpen) dans sa dernière analyse sur les marchés pétroliers publiée récemment. "Sur la base des marchés à terme, la moyenne 2019 est désormais estimée à un peu plus de 82 dollars le baril, contre un niveau autour de 75 dollars le baril cette année, soit 20 dollars de plus qu'en 2017", prévoit l'institut français de pétrole, précisant que cette anticipation reste "très liée au contexte actuel caractérisé par la mise en place prochaine de l'embargo américain". Des corrections à la baisse restent, par ailleurs, possibles, ajoute l'IFP Energies nouvelles, en raison du ralentissement envisagé de la croissance de la demande sous l'effet du contexte économique et financier. Autre facteur possible de baisse des prix : la montée en puissance plus rapide que prévue de la production américaine, à condition de disposer des capacités de transport par pipeline. La fin de la surabondance de l'offre, marquée par le recul des stocks des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sous l'effet de l'action Opep, a entraîné le prix au-delà des 60/70 dollars le baril à partir de 2017, relève l'Ifpen. L'embargo sur l'Iran pousse désormais le prix à plus de 80 dollars le baril. Fin août, les prévisions d'un pool d'experts interrogés par Reuters le situaient entre 60 et 90 dollars le baril en 2019. "Ces prévisions soulignent une nouvelle fois le manque de visibilité concernant l'évolution du prix du pétrole", constate l'Ifpen, indiquant que la décision américaine de rétablir un embargo pétrolier sur l'Iran à partir du 4 novembre va peser sur un volume potentiel de 2,7 millions de barils/jour, qui inclut le pétrole et les liquides de gaz naturel. Pour l'institut français de pétrole, un embargo pétrolier strict sur l'Iran sera difficile à compenser. Le marché peut compter sur l'accroissement de l'offre américaine, qui reste néanmoins incertain d'ici à novembre. "Les perspectives américaines tablent sur une progression de 1,4 million de barils/jour en 2019 pour l'ensemble des liquides", indique l'Ifpen. La Russie offre également un potentiel de hausse de l'ordre de 0,1 à 0,2 million de barils/jour, alors qu'un niveau record aurait été atteint en septembre à 11,36 millions de barils/jour. "Côté Opep, les capacités a priori disponibles sont estimées, d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à 2,7 millions de barils/jour en septembre dont plus de la moitié en Arabie saoudite", relève l'institut français de pétrole, estimant qu'un usage à hauteur de 30 à 40% de cette disponibilité semble envisageable, ce qui libèrerait 1 million de barils//jour. Selon l'analyse, "le bilan fait apparaître un recul potentiel de l'offre Opep dès novembre de l'ordre de 1,9 million de barils/jour, voire 2,1 millions de barils/jour (effet Venezuela, Libye éventuelle) pour une compensation possible à hauteur de 1 million de barils/jour environ et de 1,4 million de barils/jour à partir de 2019, si l'on inclut la zone neutre", constate l'Ifpen. Sur ces bases, estime l'institut, l'offre Opep passerait de 32,6 millions de barils/jour en août à 31,5 millions de barils/jour en fin d'année, avant de remonter à 31,9 millions de barils/jour en 2019. À partir de ces données et des perspectives proposées par l'AIE, le bilan offre/demande fait apparaître un déficit relativement important au 4e trimestre 2018 (-0,9 million de barils/jour) qui devrait se résorber au 1er trimestre 2019 (+0,7 million de barils/jour) en raison d'un ralentissement de la croissance de la demande. "En moyenne sur l'année prochaine, le marché serait tout juste à l'équilibre", prévoit l'Ifpen. Meziane Rabhi