"Les huiles de schiste américaines sont un des paramètres déterminants pour définir le prix du pétrole", estime l'institut français IFP Energies renouvelables. Après avoir oscillé autour des 55 dollars le baril les deux premiers mois de l'année, le Brent a reculé progressivement jusqu'à 44 dollars le baril fin juin. Depuis, il a globalement progressé pour se rapprocher des 60 dollars le baril, gagnant près de 30% en trois mois. "Au-delà des situations conjoncturelles comme l'effet des tornades fin août, ce sont des facteurs plus structurels qui mettent en tension le marché", relève l'organisme français de recherche IFP Energies nouvelles (Ifpen), dans une note de conjoncture publié au début du mois en cours. Le document évoque, entre autres, la progression incertaine de l'offre américaine, le prolongement envisagé de l'accord Opep en 2018, l'anticipation de tensions à moyen terme et les risques au Moyen Orient. Pour l'IFP Energie nouvelles, "la réduction du niveau des stocks détenus par les pays OCDE, objectif affiché par l'Opep, ne semble plus être l'indicateur pertinent du marché". Se référant à l'équilibre offre/demande attendu cette année et en 2018, l'organisme français de recherche estime que ces stocks ne devraient pas être fortement réduits. "Sur la base des données de l'AIE, le bilan mondial offre/demande se caractérise par un déficit modéré en 2017 (de moins 0,2 millions de barils par jour) et des excédents l'an prochain de 0,3 à 1,2 million de barils par jour (Mb/j), qui dépendront en particulier de la stratégie de l'Opep. Il faudrait un déficit de 0,9 Mb/j sur un an pour parvenir à réduire les stocks excédentaires détenus par les pays OCDE, qui se situent encore à 300 millions de barils", analyse l'Ifpen. Ce dernier soutient qu'avec la fermeté de la demande et la politique Opep, "les huiles de schiste américaines sont un des paramètres déterminants pour définir le prix du pétrole". Après une progression régulière depuis mi 2016, certains analystes estiment que les huiles de schiste américaines pourraient connaître une croissance ralentie. Les analyses de l'Ifpen, mettent en évidence une progression envisageable de 1,5 mb/j dans le scénario central en 2018, contre 1 mb/j retenu par l'agence américaine de l'énergie. "Cela serait équivalent à la hausse de la demande mondiale, renvoyant à la problématique de 2014/2015 marquée par un excès de pétrole. C'est un scénario à ne pas écarter. Il convient de rappeler que les perspectives de production des huiles de schiste ont toujours été sous-estimées. Dans un tel environnement, et sans réaction de l'Opep, un retour vers les 50 dollars le baril voire moins devient une possibilité réelle", indique l'Institut. La baisse du prix du pétrole entre mai et juin 2017 (de 53 à 44 dollars le baril) est en grande partie le résultat de la hausse de la production de deux pays, la Libye et le Nigeria, qui ne sont pas tenus par l'accord Opep/non-Opep de novembre 2016. Leur production a ainsi pu progresser de, respectivement, 0,4 et 0,3 mb/j entre mars et juillet de cette année. "Ces volumes, pourtant modestes, sont de nature à modifier sensiblement l'équilibre du marché, ce qui explique les réactions du prix du pétrole", relève l'Ifpen, ajoutant que "ce sera un des enjeux à traiter lors de la prochaine réunion Opep du 30 novembre prochain". Pour l'Ifpen, la prolongation de l'accord Opep/non-Opep au-delà de mars 2018, avec éventuellement une nouvelle réduction de la production, constitue le principal enjeu à venir. Cela permettrait de réduire sensiblement les excédents l'an prochain à environ 0,3 mb/j sur la base des perspectives actuelles du marché, et ainsi de maintenir le prix peut être vers les 60 dollars le baril. L'Ifpen estime que d'ici 2018 à 2020, le recul des investissements pourrait commencer à peser sur l'accroissement de l'offre. "Il deviendra difficile de compenser à la fois la progression de la demande (autour de + 1,5 Mb/j par an) et le déclin naturel de la production des gisements historiques (de l'ordre de - 2,5 mb/j par an)" estime l'organisme français de recherche qui évoque une pression durable à moins d'une reprise soutenue de l'offre américaine. Meziane Rabhi
