"La décision de prolonger ou pas l'accord Opep/non-Opep en 2019 ne sera probablement pas tranchée lors de la réunion prévue le 22 juin prochain", estime l'IFP. Les risques financiers et géopolitiques impactent le marché pétrolier, analyse l'IFP Energies nouvelles (Ifpen), dans une note de conjoncture publiée récemment. L'ancien Institut français du pétrole constate que le prix du pétrole a atteint 66,9 dollars le baril au premier trimestre, en progression de 5 dollars le baril par rapport au trimestre précédent. Il a évolué entre 62 et 71 dollars le baril, reflet des forces d'influence divergentes sur le marché. La volatilité du prix au premier trimestre reflète les influences de plusieurs facteurs, explique l'Ifpen. La moyenne relativement élevée de 69 dollars le baril du mois de janvier, explique l'institut de recherche français, résulte ainsi de la politique de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) mais aussi des interrogations sur la croissance de l'offre américaine qui semblait montrer des signes d'essoufflement. La relance de la production en février a remis en cause cette idée et a contribué au recul du prix du Brent. Mais ce sont surtout les interrogations sur la solidité de la croissance mondiale qui ont initié une forte correction à la baisse du prix du pétrole jusqu'à mi-février. À partir du mois de mars, c'est la vision d'une offre potentiellement insuffisante à court et moyen terme qui est devenue le facteur décisif pour le marché. Selon l'Ifpen, l'accord Opep/non-Opep de novembre 2016 est globalement bien respecté depuis sa mise en œuvre en janvier 2017. Le Nigeria et la Libye, deux pays Opep non soumis à l'accord de 2016, n'ont pas encore retrouvé leurs niveaux de production antérieurs, même si la tendance est haussière depuis avril 2017. L'Angola voit sa production légèrement baisser depuis fin 2017. Des opérations de maintenance ont entraîné la perte de 0,15 million de barils par jour (mb/j) aux Emirats arabes unis. Au Venezuela, l'Ifpen évoque le déclin de la production, à hauteur de 0,5 mb/j environ depuis octobre 2017. "Globalement, l'offre Opep a reculé de 0,86 mb/j depuis juillet 2017 pour les 11 pays soumis à l'accord et de 0,75 mb/j si l'on inclut la Libye et le Nigeria", relève l'institut français de recherche, qui pointe les risques futurs pour l'offre Opep liés aux menaces de sanctions américaines contre l'Iran et le Venezuela. L'institut français de recherche estime que "la décision de prolonger ou pas l'accord Opep/non-Opep en 2019 ne sera probablement pas tranchée à cette réunion". L'institut estime intéressant de suivre le niveau de cohésion entre l'Iran et l'Arabie saoudite sur la politique pétrolière à suivre. Des propos jugés contradictoires ont été émis sur les objectifs de prix, avec un seuil de 60 dollars le baril évoqué par l'Iran, contre 70 dollars le baril suggéré par l'Arabie saoudite. Par ailleurs, l'institut français fait état d'une croissance attendue de l'offre des non-Opep, tirée par celle des Etats-Unis. "En revanche, en raison de la relative faiblesse des marges de production disponibles, les risques haussiers deviennent plus crédibles. C'est ce que l'on a observé en mars en raison des inquiétudes sur l'offre future du Venezuela ou de l'Iran en particulier", note l'Institut français du pétrole, qui estime, toutefois, que "tenter d'anticiper le prix du pétrole reste une gageure". Meziane Rabhi