Des milliers d'étudiants postulant au master sont victimes d'une défaillance de la plateforme numérique pour les inscriptions mise en place, sans tests préalables, par le ministère de l'Enseignement supérieur. Les universités d'Alger, de Blida, d'Annaba, de Constantine, d'Oran, de Mostaganem et de Batna sont secouées depuis plusieurs semaines par des mouvements sporadiques de protestation des candidats recalés au master. Les mécontents pointent du doigt le réseau "Progress" auquel le ministère de l'Enseignement supérieur a eu recours, cette année, pour gérer les dossiers des candidatures. Beaucoup d'étudiants désirant pousser plus loin leur cursus universitaire et remplissant les conditions requises en termes de choix de la spécialité, de moyenne et autres procédures pédagogiques ont été surpris de ne pas trouver leur nom sur la liste des admis. Le ministère de l'Enseignement supérieur a tenté de contenir la grogne en justifiant ce cafouillage par un bug de la plateforme numérique. Le département de Tahar Hadjar a invité les recalés à déposer un recours au niveau des comités pédagogiques des universités. Les étudiants victimes de ce bug s'estiment lésés. Les étudiants en sciences de la nature et de la vie dénoncent l'admission d'une soixantaine seulement sur les 2 000 postulants au master. Bien que beaucoup d'entre eux répondent aux conditions fixées par l'université d'Alger. Il en est de même pour les étudiants en licence de mathématiques qui affirment que seulement 25% ont obtenu le droit d'accéder au master. "On réclame un droit. Un étudiant qui n'a pas refait ses années et admis sans dettes a le droit d'accéder au master", estime Amel, étudiante en informatique. Censée simplifier et écourter les délais du traitement des dossiers des candidats au master, la plateforme numérique du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a eu l'effet contraire. Un retard considérable a été enregistré cette année pour les inscriptions, toutes filières confondues, à ce grade universitaire, validant un deuxième cycle de l'enseignement supérieur. C'est ce que confirme M. Azzi, coordinateur national du Cnes : "La plateforme informatique du ministère de l'Enseignement supérieur a complétement échoué. C'est du bricolage. Il fallait auparavant procéder à des essais avant de mettre en route ce système. Au lieu de faire gagner du temps, on en a perdu. Cela démontre l'incompétence des responsables qui gèrent le secteur." S'étant retrouvées face à un flux considérable de recours, les universités qui ont des places pédagogiques limitées peinent à gérer la situation, témoigne encore le coordinateur du Cnes. Selon lui, personne ne sait non plus comment vont être traités les dossiers de ceux qui ont été sélectionnés par la plateforme numérique sans ouvrir droit forcement à l'accès au master. "Après avoir échoué à mener à bien cette opération, le département de Tahar Hadjar renvoie le problème aux universités qui doivent gérer le désordre", indique le coordinateur national du Cnes. Abdelmalek Chitta, professeur à l'université de Bab Ezzouar et spécialiste en réseau informatique, abonde dans le même sens : "Un bug est prévisible en cas de généralisation prématurée d'un système informatique. Dès le départ, n'importe qui aurait pu prédire ce dysfonctionnement. C'est de l'improvisation pour respecter un calendrier d'annonce, il y a la-dedans un peu de politique administrative pour montrer qu'on a fait des choses." Ce professeur remet également en cause le système de tri pour le master en fonction d'une moyenne générale obtenue à la suite des examens différents dans des cursus différents. "Ce n'est pas du tout logique. Cela pose un grave problème de niveau." Interrogé sur la situation, le chargé de communication au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur nous a confirmé que les opérations de recours n'ont pas encore été clôturées dans de nombreuses universités. "Certains établissements ont étudié les dossiers, enregistré et inscrit les étudiants, et d'autres n'ont pas encore terminé ces étapes. C'est en fonction du volume des requêtes", dit-il. Nissa Hammadi