Les grandes puissances impliquées dans la crise syrienne semblent se résigner à la réalité du terrain qui leur impose de composer avec le président Bachar al-Assad, si l'on se fie à leur position à l'issue du dernier sommet quadripartite à Istanbul. Après avoir fait de l'éviction de Bachar al-Assad du pouvoir une priorité, la France et l'Allemagne se sont engagées aux côtés de la Turquie et de la Russie quant au respect de "la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie, et de la Charte de l'ONU" à cet égard, lit-on dans la déclaration finale du sommet organisé à Istanbul. Les chefs d'Etat russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron, et leur homologue turc Recep Tayyip Erdogan, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel ont également souligné "l'importance de parvenir à un cessez-le-feu général en Syrie et de poursuivre le travail conjoint contre le terrorisme". Ce pourquoi les quatre parties ont estimé qu'"il n'y avait pas de solution militaire au conflit en cours en Syrie, et que cette solution n'était possible que par un processus politique fondé sur des négociations conformes à la résolution 2254 du Conseil de sécurité". Les quatre dirigeants ont également appelé à la "création d'un comité à Genève pour la rédaction de la future constitution syrienne afin de mener à bien sa réforme constitutionnelle et de préparer le terrain à des élections intègres sous les auspices de l'Organisation des Nations unies", comme cela avait été déjà suggéré par l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour la Syrie, Steffan de Mistura, qui devrait quitter son poste d'ici fin novembre. "Ce comité devrait être convoqué sous peu avant la fin de l'année", ont-ils expliqué, au terme d'un sommet qui intervient dans un contexte marqué par un retour de l'autorité de Damas sur la quasi-totalité de son territoire face à une opposition divisée et affaiblie, tandis que les groupes terroristes sont acculés dans leurs derniers retranchements à Idleb et à Minbej. D'ailleurs, les participants au sommet d'Istanbul ont manifesté leur détermination à lutter contre le terrorisme afin d'éliminer toutes les organisations et les groupes terroristes, y compris Daech, le Front al-Nosrah et al-Qaïda qui ont bénéficié du soutien de certaines puissances régionales, dont l'Arabie Saoudite, mais aussi la Turquie qui a joué cette carte contre les Kurdes syriens. Dans un pays en guerre depuis mars 2011 et victime de l'ingérence étrangère, les quatre dirigeants politiques ont appelé à davantage de coordination entre toutes les initiatives internationales, en référence aux agissements des Etats-Unis et d'Israël qui, sous prétexte de lutte contre l'influence iranienne dans la région, aggravent la situation en Syrie. Lyès Menacer