Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Affaire Chikhi : la défense soupçonne de nouveaux éléments Elle pense que la reprise des auditions fait suite à des conclusions des commissions rogatoires
Cinq mois après la première comparution de Kamel Chikhi, principal accusé dans l'affaire de saisie de 701 kg de cocaïne au niveau du port d'Oran, devant la justice, le juge d'instruction du pôle spécialisé du tribunal de Sidi M'hamed a entamé les auditions de fond avec lui. Ces auditions sous forme de questions-réponses, qui ont eu lieu mardi et mercredi derniers jusqu'à une heure tardive, se poursuivront la semaine prochaine selon un planning non encore communiqué à la défense. Cet emballement de l'affaire, après une longue pause, a poussé le collectif de la défense à se poser des questions. Certains sont persuadés que les commissions rogatoires dépêchées au Brésil et en Espagne ont transmis leurs conclusions aux autorités algériennes. "Le juge en charge de ce dossier affirme qu'il n'y a pas eu encore de retour des commissions rogatoires mais, selon ma lecture, il doit y avoir du nouveau pour motiver le démarrage des auditions de fond", a soutenu notre source. Mercredi dernier, Kamel Chikhi a été questionné dans le cadre du dossier de la drogue dure interceptée au mois de mai dernier au niveau du port d'Oran. L'interrogatoire qui avait commencé à 8h30 s'est terminé vers 19h sans aborder les éléments constitutifs des chefs d'inculpation, à savoir trafic de drogue, blanchiment d'argent et constitution d'une organisation criminelle transfrontalière, sur lesquels Chikhi devrait s'expliquer devant la justice. "Le juge d'instruction lui a demandé de raconter son enfance, ses débuts dans les affaires... Au bout de longues heures d'audition, on n'a avancé qu'à 25% dans l'interrogatoire." À ce jour, le magistrat instructeur n'a pas statué, non plus, sur la requête portant sur l'audition de l'ex-DGSN, le général-major Adelghani Hamel, déposée le 15 juillet de l'année en cours, par Saïd Younsi, avocat principal de Kamel Chikhi. Mais la défense de ce dernier pense avoir déjà remporté une première manche dans cette bataille procédurale. "Le juge n'est pas tenu par un délai précis, il doit seulement le faire avant la fin de l'instruction. Mais s'il n'y avait pas cette demande, les deux fils de Hamel n'auraient jamais été convoqués par la justice." Les deux fils de l'ex-DG de la Sûreté nationale ont été, en effet, entendus en tant que témoins autour de l'activité des entrepôts sous douane situés à Oran. C'est dans ces entrepôts que les cargaisons de viande importée par Kamel Chikhi avaient l'habitude d'être stockées en attendant la fin des formalités douanières. Il est, également, reproché à l'un des fils de Hamel d'étendre son activité commerciale portuaire au-delà de la limite de la ville d'Oran, en violation de la réglementation. Une enquête est également ouverte sur leurs affaires et leurs biens. Le général-major Hamel avait avoué publiquement, lorsqu'il était encore en poste, qu'il détenait des informations sur le dossier de saisie de 701 kg de cocaïne. L'ex-DGSN avait, en outre, déclaré qu'il y a eu "des dépassements graves lors de l'enquête menée par les gendarmes". La défense de Chikhi estime qu'il est important de l'auditionner, d'autant qu'au moment de l'éclatement de l'affaire, il était en mission officielle en Espagne. Les auditions de fond de la fin de semaine dernière ont, par ailleurs, abordé les relations que le promoteur immobilier et importateur de viande entretenait avec certains fonctionnaires de l'Etat, notamment le procureur du tribunal de Boudouaou et son adjoint, le chauffeur personnel d'Abdelghani Hamel, l'ancien président de l'APC de Ben Aknoun, le fils de l'ancien wali de Relizane, ainsi que les 12 cadres des services de l'urbanisme et des conservations foncières. La version de Kamel Chikhi est déroutante. Il a affirmé, selon notre source, n'avoir bénéficié d'aucun passe-droit de la part de ces accusés. "Je n'ai jamais entrepris quelque chose d'illégal dans le cadre de mes activités", a clamé Chikhi. Le juge d'instruction pense pourtant que ces fonctionnaires ont accordé des facilités à Kamel Chikhi, en contrepartie de cadeaux en nature et en biens immobiliers. Dans ses investigations, il s'est basé sur les enregistrements vidéo des caméras installées dans le bureau de l'importateur de viande, mais aussi sur une longue liste de communications téléphoniques. Ces prévenus ont, durant l'enquête préliminaire, reconnu avoir, dans certains cas, écourté la durée des démarches administratives, mais ont tous nié avoir reçu en échange des récompenses. Onze d'entre deux sont sous mandat de dépôt depuis fin juin dernier. Le chef de service de l'urbanisme de Kouba est, quant à lui, sous contrôle judiciaire. Concernant l'accusation portant sur le blanchiment d'argent, notre source affirme que Kamel Chikhi est en mesure de "justifier, jusqu'au dernier centime, ses investissements et revenus. D'ailleurs, il y a eu par le passé trois enquêtes judiciaires sur le blanchiment, dont une en 2010, et elles ont toutes été classées. Chaque année, il y a eu aussi des fiscales. Si le juge le souhaite, nous allons lui fournir tous les documents et bilans financiers". Nissa H.