Au plan des soldes extérieurs et budgétaires, l'institution de Bretton Woods dit constater une amélioration due essentiellement au redressement des cours du brut. En attendant le retour à un rééquilibrage budgétaire rigoureux prévu à partir de 2019, la dépense publique continue de faire l'essentiel de la croissance en Algérie, alors que la reprise des cours du brut a permis au pays d'améliorer ses positions financières. Un constat qui se dégage du rapport du FMI pour la région Moanap (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan), présenté, hier, à Dubaï. L'économie algérienne reste, néanmoins, fragile car dépendante de la rentabilité du baril de Brent et du fait que le gouvernement n'a que trop peu investi dans la réduction des déficits. Il est donc urgent de revenir à l'ajustement budgétaire dès 2019, de l'avis des experts de Washington, qui estiment que "la contraction budgétaire prévue pour les années à venir va probablement se traduire par un ralentissement marqué de la croissance non pétrolière sur le moyen terme". Du reste, l'amélioration des positions financières du pays est à mettre sur le compte de la remontée des cours du brut de ces derniers mois. Le léger rebond de croissance prévu pour 2018 et 2019 tire sa source, en revanche, des liquidités injectées au moyen de la planche à billets. Cela signifie que les progrès constatés sur la courbe de la croissance et des indicateurs financiers tiennent à des facteurs fragiles, soit exogènes ou bien porteurs de risques. L'incertitude qui plane sur le marché pétrolier coince de ce fait toute perspective de prolongation de la croissance sur le moyen et long termes. Et qu'une monétisation du déficit sur le long terme, au-delà des niveaux actuels, pourrait entraîner un effet pervers et un retour aux tensions inflationnistes. À première vue, les pronostics du FMI pour 2018 et 2019 sont quelque peu rassurants avec, au tableau, un PIB nominal qui devrait atteindre 188,3 milliards de dollars en 2018 et 202 milliards de dollars en 2019, une croissance de 2,5% du PIB réel en 2018 et 2,7% en 2019. Cependant, de tels progrès ne sont rendus possibles qu'au moyen de l'investissement budgétaire et de la dépense publique, laquelle était soutenue depuis fin 2017 par les tirages de la planche à billets. L'institution de Christine Lagarde rappelle à juste titre que l'Algérie a "augmenté ses dépenses afin de stimuler l'activité économique, en s'appuyant largement sur le financement monétaire", soulignant que "le retour à un rééquilibrage budgétaire rigoureux est prévu à partir de 2019". "La monétisation du déficit budgétaire en Algérie s'est traduite par des injections de liquidités considérables qui ont stimulé le crédit au secteur privé comme au secteur public en 2017", note le rapport. Au plan des soldes extérieurs et budgétaires, l'institution de Bretton Woods dit constater une amélioration due essentiellement au redressement des cours de brut. Les exportations passeront à 46,2 mds de dollars en 2018 contre 37,6 mds de dollars en 2017. Le déficit du compte courant s'établira à -16,9 milliards de dollars cette année (9% du PIB) et à -15,9 milliards de dollars (7,9% du PIB) en 2019. Les experts du Washington estiment que le budget de l'Algérie de l'actuel exercice ne peut s'équilibrer qu'avec un baril supérieur à 105,1 dollars, alors que le budget de 2019, actuellement en discussion à l'Assemblée, nécessite un baril de pétrole supérieur à 98 dollars pour son équilibre. Toutefois, l'équilibre extérieur est tributaire d'un baril à 80,3 dollars en 2018 et à 78,9 dollars en 2019. Le FMI souligne que le rebond des cours pétroliers "apportera un soutien temporaire" aux pays exportateurs de pétrole de la région qui doivent, cependant, poursuivre les réformes et l'ajustement budgétaire pour renforcer leur résilience à long terme. Or, l'Exécutif fait montre d'une défaillance technique dans ses choix, en faisant de la planche à billets et de la reprise des cours du brut des leviers de croissance, s'exposant à moyen terme aux effets pervers du financement monétaire et d'un probable retournement de situation sur le marché pétrolier, étant instable et miné par d'importantes incertitudes, aussi bien sur l'offre que sur la demande mondiale au pétrole. Ali Titouche