La crise qui secoue l'université de Béjaïa depuis trois semaines a fait réagir la section du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) de la même université. Dans une déclaration qui nous est parvenue, le Cnes a apporté sa solidarité aux étudiants grévistes en exhortant le recteur à prendre ses responsabilités. "Le bureau du Cnes exhorte le recteur et son administration à assumer pleinement leurs responsabilités. Les étudiants demandent leurs droits et ils doivent, avant tout, être écoutés", écrivent les membres du bureau du Cnes. Ces derniers pointent d'un doigt accusateur la direction rectorale de l'université qui, selon eux, est à l'origine de la situation. "Le malaise que vit la communauté universitaire de Béjaïa depuis quelques années incombe à la seule responsabilité de ceux qui sont désignés pour gérer l'université." Le Cnes poursuit sa charge en accusant le recteur de l'université, qui refuse d'inviter les étudiants au dialogue, de pousser au pourrissement. "Il est indéniable que le recteur pousse au pourrissement en refusant d'inviter les étudiants qui se sont fédérés en Collectif libre des étudiants, en regroupant des dizaines d'associations estudiantines reconnues et agréées par les services de l'Etat", notent les rédacteurs du document. "Le dialogue est une qualité que le recteur n'a jamais compté sienne", assènent-ils. Hier, une énième AG des étudiants grévistes a eu lieu au campus d'Aboudaou. Elle sera suivie d'une autre, aujourd'hui, au campus de Targa Ouzemmour. Si la suite à donner au mouvement ne sera tranchée qu'aujourd'hui, tout porte à croire que la protestation va encore perdurer. Puisque, selon un représentant des étudiants au sein de la CLE, les réponses de la direction rectorale aux préoccupations des étudiants sont irrecevables. "Le rectorat a donné plus d'explications qu'il n'a apporté de réponses", a-t-il estimé. Pour rappel, depuis le début du conflit, il y a de cela trois semaines, aucun dialogue n'a été amorcé entre étudiants et direction rectorale. Et aux doléances des étudiants consignées dans une plateforme de revendications, le conseil de direction élargi a formulé 20 réponses, tout en déplorant "la perte de temps pédagogique causée par le blocage des deux campus universitaires qu'aucune raison ne peut justifier". Selon le représentant des étudiants, des affrontements ont éclaté, au début de la journée de dimanche, entre étudiants et agents de sécurité à l'entrée du campus d'Aboudaou, mais aucun blessé n'est à déplorer. "Au lieu de s'occuper de la sécurité des étudiants, ils s'en sont pris à ces derniers", a-t-il ironisé. H. KABIR