Cette décision a aussitôt provoqué une hausse des cours du Brent à 63 dollars, mais elle est insuffisante et loin des attentes des exportateurs de pétrole. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés non-Opep, dont la Russie, ont décidé de réduire leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj). Un accord a été trouvé hier entre les membres de l'organisation et leurs partenaires. "Nous allons réduire de 1,2 million de barils par jour au total la production", a déclaré à la presse le ministre irakien du Pétrole, Thamer Abbas al-Ghadhban, à l'issue d'une réunion à Vienne (Autriche) entre les pays Opep et non-Opep. Les 14 membres de l'Opep prévoient de réduire leurs extractions de 800 000 barils/jour et les 10 nations non-Opep de 400 000/jour. Cette baisse sera calculée à partir des niveaux de production d'octobre et fera l'objet d'un examen d'étape en avril, a précisé un porte-parole de la réunion, Tafal al-Nasr. Cette réduction, correspondant à un peu plus de 1% de la production mondiale, est destinée à enrayer la chute des cours dans un contexte de surproduction chronique. Le total de 1,2 mbj évoqué est supérieur à la réduction de 1 mbj proposée jeudi par le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh. Ce qui donne l'espoir de voir les prix se redresser. Preuve en est, avant même que la décision soit annoncée, les cours du pétrole ont en effet, bondi hier de 5%. Le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février était en forte hausse de 5,01% à 63,07 dollars par rapport à la clôture de jeudi. N'ayant pas pu arriver à un accord jeudi, les membres de l'Opep ont attendu leur réunion avec leurs alliés, hors organisation, pour aboutir à une telle réduction de la production. Effectivement, aucun accord quant à la réduction de la production n'a pu être trouvé à l'issue de la réunion de l'Opep tenue jeudi à Vienne. Après une longue journée de négociations au siège de l'Organisation, ses membres ont pourtant reconnu clairement que l'offre dépasse la demande sur le marché et a conduit à une chute de plus de 30% des prix en deux mois. À partir de ce constat, les producteurs affiliés à l'Opep devraient en principe dégager un consensus et annoncer une baisse chiffrée de leur production dans le but de renverser la tendance des cours vers une nouvelle hausse. Même s'ils ont témoigné de leur volonté de diminuer les extractions, l'échec de cette rencontre a fait naître une sorte de scepticisme chez certains ministres. À l'image du ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, qui a déclaré dans la soirée du jeudi : "Non, je ne suis pas confiant" qu'un accord soit trouvé. Il a néanmoins, proposé à l'Opep de baisser d'un million de barils/jour la production collective des membres de l'organisation. Une proposition difficilement applicable pour certains pays membres. D'où le recours au sommet des pays Opep et leurs partenaires non-Opep, organisé hier dans la capitale autrichienne. Pas d'accord chiffré entre les membres de l'Opep Pour l'Opep et ses alliés, une alliance de 25 pays au total qui assure environ la moitié de l'offre mondiale, il serait donc vertueux de ralentir la cadence. Mais les poids lourds de l'or noir ont tous des raisons, plus ou moins officielles, d'attendre des efforts des autres producteurs. Pour la Russie, qui mène les alliés de l'Opep, il est "beaucoup plus difficile de réduire que pour d'autres pays, étant donné nos conditions climatiques", a affirmé, jeudi, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, depuis Saint-Pétersbourg. Ce pays a refusé de réduire ses volumes d'extraction de pétrole de 300 000 barils/jour, n'acceptant que la moitié de cette réduction voulue par l'Opep. La Russie n'est pas près de réduire sa production de pétrole de plus de 150 000 barils/jour dans le cadre de l'accord Opep sur la baisse des extractions. L'Arabie saoudite doit, pour sa part, faire face à la pression américaine, à un moment où le royaume est affaibli par les répercussions diplomatiques de l'affaire Khashoggi. Le président Donald Trump a exigé mercredi de l'Opep, qui pompe le tiers du brut mondial, le maintien de sa production à un niveau élevé. Si M. Al-Faleh a soutenu que Washington "n'est pas en position de nous dire ce que nous devons faire", la baisse d'un million de barils/jour pour le groupe de producteurs qu'il a proposée s'est avérée plus basse qu'espérée par les marchés, nouvelle baisse de cours à la clé. Son rival géopolitique et troisième producteur de l'Opep, l'Iran, a suggéré, quant à lui, une réduction plus marquée, mais il a demandé à être exempté de toute baisse, estimant son secteur pétrolier déjà affecté par les sanctions des Etats-Unis. Une chose est certaine, si les discussions n'avaient pas abouti à une baisse de production, cela déclencherait une frénésie des ventes et garantirait le retour à une surabondance mondiale de pétrole qui accélérait la chute des cours. En revanche, "une baisse d'un million de barils/jour" pour l'ensemble du groupe, comme l'envisage l'Arabie saoudite, "devrait soutenir les prix."